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Thomas Voeckler : «Le seul objectif... c'est le titre !

Championnats du monde
Mis à jour le par Arthur DE SMEDT
Photo : @Cyclism'Actu / CyclismActu.net

A trois jours du bouquet final de ces Championnats du monde de cyclisme sur route 2025, la course en ligne Elites Hommes qui aura lieu ce dimanche 28 septembre, l'équipe de France masculine organisait à son tour un point presse ce jeudi soir à leur hôtel de Kigali, comme leurs homologues féminines ce midi. Le sélectionneur Thomas Voeckler était bien entendu présent afin de présenter son collectif et d'évoquer ce qui sera l'une des courses les plus importantes de la saison. Pouvant compter sur un effectif très homogène mais qui ne compte pas de grands favoris comme peuvent l'être Tadej Poagcar ou Remco Evenepoel, le sorcier des Bleus ne s'est comme toujours pas caché et a clamé son ambition d'être champion du monde, "son seul et unique objectif" même si les chances sont selon lui "infimes" par rapport à la forte concurrence.

Thomas Voeckler avant la course en ligne dimanche

 

"Je préfère 100 fois qu'on tente quelque chose et que le premier soit 40e"

Question bête : quel est l'objectif sur ce championnat ? Viser un podium ?

Non, c'est pas une question bête. Quel est l'objectif ? L'objectif, c'est d'être champion du monde. C'est le seul et unique objectif que je me fixe et que je fixe au gars. C'est pas de la communication. Je l'ai déjà déclaré dans des précédentes interviews. Par contre, je suis lucide et je dis pas ça pour faire vendre du papier, comme on dit. J'ai beaucoup d'humilité, de l'ambition et je sais que notre chance, elle est infime par rapport à l'adversité, sur la difficulté du circuit. Et en revanche, ça reste une course de vélo. Et si tout le monde pense que le coureur auquel on pense tous va s'en aller là où on pense tous et va gagner, eh bien, autant économiser des billets d'avion et puis qu'il aille faire un tour tout seul.

Donc, c'est pas mon idée. On va saisir, je suis convaincu et elle existe réellement, cette chance qu'on soit champion du monde. C'est pour ça qu'on est là. Je ne sais pas emmener les coureurs avec moi autrement que de cette manière. Et j'ai tout à fait conscience qu'elle est infime, mais elle existe. Moi, j'ai pas de bilan à rendre, je m'en fous des bilans. Je préfère 100 fois qu'on tente quelque chose, que les mecs terminent en ayant tout donné et que le premier soit 40e, mais qu'on a essayé d'être champion du monde. Si on n'essaie pas, on n'a aucune chance de l'être. Si on prend une place d'honneur après qu'on ait essayé quelque chose, bien sûr que je la prends, et avec grand plaisir, mais c'est pas ma façon de voir. Et j'espère que ce n'est pas la façon de voir d'autres nations afin d'avoir une course peut-être plus ouverte que de courir pour la 2e place à partir de 90 km avant l'arrivée. Parce qu'on ne sait pas ce qui peut se passer. Un championnat du monde, c'est unique, et ça ne ressemble à rien de ce qui se déroule tout au long du reste de l'année, pour les raisons que vous connaissez, équipe nationale, pas d'oreillettes, en plus, cette année, le climat et tout. Donc, voilà.

 

 

"C'est un parcours difficile à lire... mais il est bien sûr destiné à des hommes forts"

Thomas, vous avez reconnu le parcours. Comment le jugez-vous ?

Le parcours, c'est des toboggans. Pour la course élite hommes, neuf tours. On va faire un tour de 42 km et ensuite six tours de 15 km. Comment vous dire ? Quand vous le faites une fois, il n'y a pas de problème. Deux fois, bon, ça tire un peu. Je pense qu'avec quelques tours dans les pattes, on n'aura pas du tout la même vision. Donc, la vision du parcours qu'on a lors de la reconnaissance, je pense qu'on pourra l'envoyer balader au bout de quelques tours. Mais évidemment qu'un parcours, c'est une chose. La façon dont la course se déroule, comment les coureurs et donc les nations ont envie de courir, c'est ce qui déterminera la difficulté du parcours. Donc, le parcours est bien sûr destiné à des hommes forts.

C'est quand même particulier parce qu'en dehors de cette grande boucle-là qui est de 42 km, les montées ne sont pas longues. On pourrait croire que c'est un parcours pour puncheurs, mais si vous ne grimpez pas, votre punch, il vous servira pas à grand-chose. Donc, c'est un parcours difficile à lire. Et je termine sur le parcours en disant que tout simplement, il y a les chiffres. Et ça, ça ne ment pas. Le kilométrage, plus de 260, plus de 5 400 m de dénivelé. L'altitude, 1 500 m, un passage à 1 800. L'humidité, la chaleur, ça va, mais l'humidité renforce ce sentiment de chaleur. Donc, il y a un menu qui est proposé. Selon comment les nations vont prendre la course, il peut être très dur à digérer, comme il peut être moins dur que prévu à digérer. Et de toute façon, il y aura un beau vainqueur, un beau podium. Ça, c'est obligatoire, vu la difficulté.

 

"Pas de stress, on adaptera les rôles de chacun"

Tout le monde a réussi à bien s'acclimater ?

Ce qui est valable pour l'un n'est pas forcément valable pour l'autre. Évidemment, ceux qui sont arrivés pour le chrono sont là depuis plus longtemps. Il y a eu des ressentis différents. On a vraiment tout mis en place et on est convaincus d'avoir les voyants au vert pour que les coureurs puissent être à 100 %. Après, comme chaque cas est particulier, ça peut arriver qu'il y ait un des coureurs qui digère moins bien le climat, mais ce sera le cas aussi dans l'adversité. Il faut être prêt à en tenir compte parce que déjà, quand on est dans des courses en Europe à cette époque de l'année, on peut avoir des surprises dans le bon sens comme dans le mauvais sur ses propres sensations. 

Donc là encore, pas de stress, on adaptera les rôles de chacun. Le jour de la course, et avec l'état d'esprit général qui règne dans cette équipe, je ne suis pas inquiet à ce niveau-là pour qu'on switche certains postes le jour J. Il faut quand même se rappeler que 1 500 m, ce n'est pas non plus 3 000 m et que vous avez affaire à des Formules 1. Et ils savent s'adapter. Alors, si les coureurs de l'équipe de France, c'est des Formules 1, c'est le cas pour les autres nations aussi. Je veux dire, ce n'est pas comme nous, les personnes lambda, ils savent tout ça. Leurs entraîneurs personnels ont travaillé en amont là-dessus. Il y a eu des adaptations aux conditions. Donc on n'est pas venu là, tiens, on prend l'avion, on arrive. Non, tout a été anticipé de leur côté avec leur coach personnel parce que ça, c'est leur travail. L'adaptation, elle n'a pas commencé. Une fois qu'ils sont arrivés sur place, bien évidemment, ça a été anticipé de leur côté.

 

Le discours de Thomas Voeckler avant la course en ligne dimanche

Merci d'être venus jusqu'au Rwanda, nous, depuis qu'on est là, on vit un rêve éveillé. Ça serait peut-être oublier l'objectif qui est de travailler ici, mais en tout cas, on en prend plein les yeux. Certes, il y a les courses en ligne de dimanche. Mais notre championnat, pour le staff, il a débuté non pas il y a six jours, non pas il y a cinq mois, mais il y a plus d'une année et demie, j'ai envie de dire. Donc voilà, on est dans le Money Time.

Je vais vous citer les coureurs un à un sans vous sortir leur palmarès, sans forcément expliquer les raisons pour lesquelles je les ai sélectionnés.

Juste en face de moi, j'ai Pavel Sivakov, qui est là pour la troisième fois avec nous.

Valentin Paret-Peintre, qui est un petit jeune qui monte. Vous avez dû le voir sur le Mont Ventoux. En tout cas, Ben Healy se rappelle de lui.

Jordan Jegat, ce n'est pas seulement pour son Tour de France, ça a joué, mais Jordan, c'est... Je sais qu'il sera, avec son mental et le profil du parcours et sa manière de courir, je sais qu'il sera un élément important de l'équipe de France et il mériterait amplement sa sélection.

Tout comme Louis Barré, jeune coureur qui ne parle pas beaucoup en apparence, mais croyez-moi, en interne, il est facétieux, on va dire.

Julien Bernard, que je qualifierais de ce qui se fait de mieux en termes d'équipier, pas seulement en France, mais d'un point de vue mondial. S'il est toujours prolongé dans son équipe de marque, qui devient de plus en plus grosse d'ailleurs, ce n'est pas pour rien. Inutile d'en rajouter.

Valentin Madouas, un homme fiable avec qui je peux avoir un échange sincère.

Et Paul Seixas, qui sportivement méritait sa sélection de par ses performances cette année, donc il est parmi nous.

Et Julian Alaphilippe, qui est l'âme de cette équipe, et qui n'est pas là parce qu'il est l'âme de cette équipe, mais parce que sa deuxième partie de saison est lancée sur des super bases et physiquement, il mérite complètement sa place.

 

Une transmission générationnelle en équipe de France

Pour terminer, je dirais que, pas depuis deux semaines, mais depuis cet hiver, j'ai senti que c'était peut-être le moment et j'avais cette volonté d'amorcer un petit peu un changement, le mot est trop fort, mais le début d'une transmission un petit peu générationnelle. Il y a un état d'esprit qui est présent en équipe de France. Il y a quelques anciens qui sont garants. Les jeunes qui arrivent sont en général passés par les catégories de jeunes, donc ils connaissent cet esprit, mais que ça se fasse naturellement, il n'y a pas de mode d'emploi. Et voilà, il y a des gars qui sont là dans leur première sélection. Je n'ai pas fait exprès de faire une parité 4-4.

Et je terminerai en disant que, pour bâtir cette sélection, évidemment que j'ai tenu compte du fait que les championnats d'Europe qui se déroulent en France sont très rapprochés, qui, sur le papier, semblent s'adresser au même type de coureurs. Donc évidemment que ça a été un casse-tête pour moi, mais comme pour les autres sélectionneurs. Donc voilà, on va aller au combat comme on fait à chaque fois. Et l'objectif, que vous soyez fiers de votre équipe de France.

Publié le par Arthur DE SMEDT

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