Alessandro De Marchi : «Heureux et soulagé de ne pas rouler pour Israel»
RouteDans un entretien accordé à The Observer, l’Italien Alessandro De Marchi (Jayco AlUla) a exprimé son malaise à l’idée de porter aujourd’hui le maillot de l’équipe Israel-Premier Tech, dans un contexte marqué par la guerre à Gaza. Ancien coureur de la formation israélienne en 2021 et 2022, De Marchi se dit "heureux et soulagé" d’avoir quitté l’équipe. "Je ne critiquerai personne qui court là-bas, car chacun est libre de décider, mais pour l’instant, je ne signerais pas de contrat avec Israel. Je ne serais pas capable de gérer les sentiments que j’éprouve pour être impliqué dans quelque chose comme ça."
De marchi, vainqueur d'étape sur le Tour des Alpes 2024
"Je ferais les choses différemment aujourd’hui"
L’Italien est l’un des très rares membres du peloton à s’être exprimé sur ce sujet sensible. "À l’époque, je ne comprenais vraiment pas grand-chose à Israël. Les responsables de l’équipe avaient envie de montrer la beauté du pays – c’était clairement la politique de l’équipe –, mais il n’y avait jamais de sentiments hostiles à Gaza ou aux Palestiniens, ni de référence à l’occupation de la Cisjordanie. Il y avait une propagande plus légère, disons, qui projetait l’image d’Israël. On sentait que c’était une société complexe et divisée. Mais on voyait aussi qu’il n’y avait pas de place pour discuter de Gaza." L’équipe, codétenue par le milliardaire canado-israélien Sylvan Adams, n’a pas souhaité répondre à ces déclarations, évoquant une "opinion personnelle" d’un ancien coureur.
De Marchi reconnaît malgré tout que cette équipe lui a permis de poursuivre au plus haut niveau : "Elle m’a donné la chance de continuer à rouler, offert un bon contrat et un bon salaire, et je pensais à la maison que je devais construire et à ma famille. Les autres coureurs sont dans la même situation." Mais il confie aussi : "Je ferais les choses différemment aujourd’hui pour défendre mes principes moraux." Alors que la présence d’Israel-Premier Tech a suscité des réactions sur le Tour de France – notamment l’irruption d’un spectateur portant un t-shirt "Israël hors du Tour" – De Marchi appelle l’UCI à s’emparer du sujet : "Nous avons besoin de voir des actions concrètes de la part de notre instance dirigeante afin de positionner le monde du cyclisme du bon côté et de montrer que nous sommes conscients de ce qui se passe à Gaza. Nous devons montrer qu’en tant que monde du cyclisme, nous nous soucions des droits de l’homme et des violations du droit international."
Publié le par Titouan LABOURIE