Triathlon - Vincent Luis : «Aux JO de Rio avec la forme»
Par Pierre HERTOUT le 18/08/2016 à 16:02
Vidéo - JO - Triathlon : avec Vincent Luis pendant sa préparation
Le samedi 18 août, le Triathlon français va peut-être décrocher la 1ère médaille olympique de son histoire. Sur l'épreuve masculine des JO, le Français Vincent Luis est en effet un des grands favoris pour détrôner le Britannique Alistair Brownlee, titré à en 2012. Devenu un exemple pour tous sportifs en terme de préparation, de surpassement de soi, de détermination et de sacrifices, Vincent Luis a énormément progressé, étapes par étapes, depuis sa 11e place aux Jeux de Londres.
Comme il l'expliquait à leparisien.fr, il est devenu un énorme travailleur, afin de se donner les moyens de décrocher la médaille olympique. "Une semaine classique, je fais entre 25 et 30 km de natation, 300 et 400 km de vélo et 110 à 130 km de course à pied. Debout à 5 h 50, à la piscine à 6 h 45. Je nage jusqu'à 8 h 30. À 9 h 30, c'est séance de course à pied jusqu'à 11 heures. Après le déjeuner, sans sucre ni graisse, je pars rouler trois heures à vélo. Je retourne courir en fin d'après-midi. Le triathlon se perd en natation mais se gagne à la course. J'ai mis les bouchées doubles cet hiver." Et les résultats sont là, Vincent Luis est même parvenu à terminer 2e des Championnats de cross-country élites ! Le triathlète vient bousculer les spécialistes. Et pourtant, il ne semble pas prêt de s'arrêter. "En 2020, aux JO de Tokyo, j'aimerais doubler triathlon et 5 000 m en athlé. J'ai dit que j'arrêterais le triathlon si j'étais champion olympique. Si ça arrive aujourd'hui, je me mettrai plutôt le défi de faire deux sports différents dans les mêmes Jeux pour faire quelque chose que personne n'a jamais réussi". L'homme est coriace...
En 2015, le sociétaire de Sainte-Geneviève des Bois Triathlon est parvenu à remporter une manche de WTS (World Triathlon Series, le Championnat du Monde se disputant sous le format de manches, comme une Coupe du Monde et en plus prestigieux) et à terminer 3e des Championnats du Monde, s'imposant comme un des patrons du circuit mondial. Depuis, Luis ne cesse de progresser et de s'affirmer avec un seul mot à la bouche : Rio.
Avant de partir pour le Brésil, il s'est entretenu avec nos confrère de l'Union. "Je suis plutôt serein. Je n’ai pas connu de souci dans ma préparation. Je n’ai pas eu de gros pépins. Tous les feux sont au vert. Les dés sont jetés, la course en partie décidée. Il n’y aura pas de révolution d’ici à la course. Je vais faire le maximum. Tout le monde a les cartes en mains, il va falloir les poser au bon moment". Avec Rio comme unique objectif, Luis a choisi de faire une croix sur diverses course de la saison. "On l’a décidé avec mes coaches. On n’a pas forcément besoin de beaucoup courir avant de pouvoir performer. On a juste choisi deux courses qui étaient en France [D1 par équipes à Valence et championnats d’Europe sprint à Châteauroux, vainqueur les deux fois], avec un niveau relativement élevé mais pas avec tous les cadors. On ne voulait pas se confronter avant. L’avenir nous dira si c’était un bon choix ou pas. En tout cas, pour l’instant, on le valide à 100 %".
En l'absence du grand favori Javier Gomez, vice-champion olympique et quintuple champion du monde, à cause d'une fracture du bras gauche, le Français peut se focaliser sur des adversaires précis. "Les deux frères Brownlee [Alistair et Jonathan, respectivement 1er et 3e en 2012] vont être costauds, Mola et Murray aussi. Il y aura ensuite tous les outsiders, Pereira, Le Corre, Coninx. Je pense qu’on est une bonne dizaine pour trois médailles". Vincent Luis ne devra donc pas chômer sur les routes brésiliennes, qui semblent pouvoir lui rendre service. "Je ne sais pas si la différence se fera dans la grande côté à grimper 8 fois mais du moins ça va user les organismes. Il va falloir réussir à courir vite après un vélo dur. Il y en a beaucoup qui ne sont pas habitués à faire ça. On s’est préparé pour. J’espère que ce sera suffisant pour réaliser une performance". Il s'était exprimé au micro de sudouest.fr. "Je n'ai pas besoin d'aller courir contre les autres, je suis sûr de ce que je fais à l'entraînement. Moi, j'ai fait tout ce que j'ai fait pour maîtriser ma forme, l'environnement dans lequel je l'ai fait. Je sais que j'arrive à Rio avec la forme de ma vie, je me suis entraîné plus dur que personne ne s'est entraîné cette année et ça fait 4 ans que je vis ça".
Face à l'immensité du travail fourni par Luis, on peut se demander quelle est l'importance de cette course dans sa carrière, et celui-ci est clair là dessus. "L’objectif d’une bonne partie de ma carrière en tout cas. Je ne sais pas si j’arriverais à être plus performant que je le serai jeudi (aujourd’hui). Peut-être, peut-être pas. En tout cas, je me suis beaucoup entraîné ces quatre dernières années, plus que je ne l’avais jamais fait. On peut cependant toujours faire mieux".
Il ne reste plus qu'à regarder le Français à 16h heure de Paris, pour savoir s'il décrochera l'or, pour le regretté Laurent Vidal (5e à Londres, décédé le 10 novembre 2015), pour le triathlon français, pour ses proches, pour ses coaches, pour tout ce qu'il a entrepris depuis 4 ans.