Tour de France - Marc Fayet: «Pogacar-Vingegaard... T'as déj' Jaune As ?»
Marc Fayet, vous connaissez ? Vous avez déjà pu le découvrir et le lire il y a quelques temps déjà sur Cyclism'Actu ! Marc Fayet est donc de retour avec sa chronique ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets". Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène mais aussi passionné de vélo. Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisation. Marc Fayet et "ses" carnets secrets, ce sera désormais à retrouver régulièrement sur Cyclism'Actu.
Vidéo - Mathieu Burgaudeau, à l'arrivée de la 15e étape
"T’as déj’ Jaune As ?"
C’est la petite blagounette que certains jeunes coureurs se font le matin devant leur bol de céréales pour bien montrer que tout se réduit à ces quelques syllabes qui sont autant de mots que de prénoms depuis les premières heures de la journée jusqu’aux arrivées d’étapes. Le problème avec les enfants c’est qu’ils ne savent pas s’arrêter, et ne peuvent s’empêcher de se chamailler (expression désuète d’un autre siècle exprimant la tendance systématique qu’ont les jeunes chats à s’épier, juste avant de se filer des coups de pattes avant de s’échapper). Je n’en vois pas de meilleure pour décrire ce que nous offrent les deux garnements en toute spontanéité car aucun de ces gars ne ment. Tadej et Jonas (T’as déj’ Jaune As ?) les deux félins, héros de cette nouvelle page d’une mythologie cycliste qui pédalait un peu trop dans le vide, nous offrent aujourd’hui un combat aux couleurs de notre société contemporaine. Alors que la peur, la crainte, l’angoisse, l’absence de perspectives réjouissantes envahissent notre vision du futur, voici que ces jeunes chats, nous proposent une vision de la vie au jour le jour, où seule l’attente de la seconde à venir prend toute son importance devenant la meilleure approche psychologique pour nous empêcher de voir les nuages sombres de l’horizon.
"Jamais de mémoire de téléspectateur nous nous sommes trouvés dans cette alerte extrême"
Notre seule préoccupation et pour quelques jours encore (Profitons de chaque seconde) est de traquer le moindre geste, la moindre expression du regard qui nous semblerait le signe d’une attaque ou d’une contre-attaque. Jamais de mémoire de téléspectateur cycliste nous nous sommes trouvés dans cette alerte extrême, cette exceptionnelle et délicieuse tension salutaire où dans un combat à deux se dessinerait le suspense qu’aucun scénariste de série ayant fréquenté les grandes écoles américaines ne serait capable de nous pondre. Et s’ils le font, ce n’est même pas pour l’objectif de l’appareil photo ou de la caméra (même si les deux moutards pourraient en vouloir aux deux motards) c’est pour le plaisir de se chicaner (Expression ancienne constituée mot "chie" et "caner", indiquant à quel point on peut souffrir des cannes). Dans le spectacle de cette série qui vient de nous offrir son 15 ème épisode haletant, aucun d’entre nous n’est capable encore de dire quelle en sera l’issue, nous préoccupant seulement de découvrir le Climax, ce moment ultime où le public est emporté, happé, sidéré par le sommet de la tension dramatique.
"Ces deux blancs-becs méritent à égalité parfaite la consécration"
Aujourd’hui comme hier, comme demain, il y a toujours deux Chevaliers pour un même Graal et franchement on sait que les deux le méritent. Cette parfaite égalité de destin est également unique en son genre car il n’y a même pas d’antagonisme, puisqu’il n’y a pas un gentil et un méchant, un étranger et un Français, un brun et un blond, non, ils sont aussi clairs l’un que l’autre, aussi filiformes, aussi gentils, aussi respectueux, aussi polis, aussi étrangers l’un comme l’autre, mais citoyens du monde cycliste auquel nous appartenons tous. Terminés les duels d’hommes, couteaux entre les dents, hargne entre les mots, opposant le public lui-même comme ont pu le créer en leur temps les duels Anquetil-Poulidor, Merckx-Ocana, Hinault-Fignon, Armstrong-Contador. Reconnaissons-le, ces deux blancs-becs (Expression passée de mode pour désigner des gosses ayant à peine quitté la tétine pour impressionner nos rétines) méritent à égalité parfaite la consécration, parce qu’ils font autant plaisir à voir l’un comme l’autre.
Heading into the rest day and straight to the coffee shop with @j_vingegaard
— Tadej PogaÄar (@TamauPogi) July 16, 2023
☕�'�ðŸ¤#tdf2023 pic.twitter.com/UfbHkC2qZk
"Souhaitons tous que le dernier épisode de la série 2023 ne soit que l’annonce de la nouvelle saison 2024"
Ces deux morveux (Expression ancestrale composée de "Mort" et "vœux" qui désignait ceux qui justement n’appellent pas la mort de leurs vœux mais préfèrent moucher les trompe la mort) sont encore dans le Game pour accéder au trône et on voudrait que ça dure toute la vie, parce que ça fait du bien à la tête et à l’espoir. Souhaitons tous que le dernier épisode de la série 2023 ne soit que l’annonce de la nouvelle saison 2024 que nous saurons attendre patiemment tout comme nos deux chérubins (Expression oubliée issue du préfixe "Cher" et du suffixe "Urbain" indiquant que ces deux-là sont tout de même de très gros salaires et qu’ils sont des garçons de la ville, de toutes les villes). Mais c’est vrai qu’on on a pour notre argent mais n’anticipons pas et trépignons ensemble en attendant le numéro 16 de demain. Jour de repos, paix des braves. Jour de reprise, Guerre des chefs.