TDF - M. Rogers, la plus belle histoire de l'année ?
Par Antoine PLOUVIN le 22/07/2014 à 19:04
C’est peut-être la plus belle histoire de l’année. Même si le doute étant devenu indissociable du cyclisme, certains ne sauront y croire et s’en émerveiller. Michael Rogers a tout connu cette année. Banni du peloton à cause d’un contrôle positif au clenbutérol, il a dû se battre pour prouver son innocence. Une bataille pas facile quand on connaît les jurisprudences sur ce produit, et notamment la plus célèbre concernant son leader malheureux sur ce Tour de France, Alberto Contador. Et pourtant, il a réussi ! Quand tout le monde le croyait définitivement out, certains ne voulaient même peut-être plus savoir qui il était, Rogers, l’Australien installé désormais à Mendrisio après avoir longtemps vécu autour de Varese, et qui maîtrise parfaitement l’Italien, a réussi à prouver son innocence, à revenir au top niveau en un rien de temps et même… réaliser l’année de sa vie, consacrée par deux victoire d’étape sur le Giro, dont le mythique Monte Zoncolan, et aujourd’hui par ce succès sur les routes du Tour.
« Ça m’a changé mentalement ! Dans ma carrière, j’étais toujours obsédé, terrifié par les résultats. J’ai toujours cherché à calculer. Et puis j’ai réalisé que dans la vie, il fallait y aller pour gagner. Alors si on gagne ça va, mais si on ne gagne pas, on a au moins fait notre maximum. Je rêvais de gagner une étape du Tour de France depuis que j’avais 7 ans.
L’équipe Tinkoff – Saxo était venue sur ce Tour de France pour le gagner avec Alberto Contador. Il y a une semaine et un jour, Alberto quittait la route du Tour. « Les quatre ou cinq jours qui ont suivi l’abandon d’Alberto ont été vraiment durs. Pour être honnête… nous n’avions aucun plan B. Nous courions sans réels objectifs. Avec l’équipe on s’est remotivé sous la houlette de Bjarne Riis et Oleg Tinkoff, et nous étions alors le nouveau plan A. La pression est arrivée sur nos épaules, et maintenant… Deux victoires d’étapes… Ouaho ! » Samedi dernier, Rafal Majka, son coéquipier s’imposait en effet au sommet de Risoul, après avoir fini second la veille au sommet de Chamrousse.
Ancien triple Champion du Monde du chrono’, Rogers avait voulu se fixer de nouveaux objectifs après son dernier sacre en 2005. Mais il n’était jamais parvenu à réellement concrétiser. Perdant de sa force en chrono’, il n’avait pas acquis les qualités nécessaires pour scorer sur les épreuves et étapes en ligne. Il était donc entre les deux, incapable de tirer profit de ses qualités. Et puis cette année, après être revenu de nul part, du fond du trou, après son bannissement… Après avoir nourri une grande colère, une grande incompréhension, il a réussi à canaliser cette énergie et à la rediriger. Et le résultat est éblouissant. Deux victoires d’étapes au Tour d’Italie. Une à Savona, au terme d’une étape difficile où il a bien joué, attaquant le groupe des favoris à une vingtaine de kilomètre de l’arrivée et résistant à son retour de manière incroyable. Ensuite… la consécration ultime. Au terme d’une échappée, il s’impose au sommet du mythique Monte Zoncolan, la veille de l’arrivée finale à Trieste. La consécration suprême ! Du moins, c’est ce que l’on pensait. Cette victoire d’étape sur le Tour ajoute encore de la magie à cette incroyable histoire d’un homme qui, malgré ses aptitudes contre-la-montre, n’était jamais parvenu à remporter une victoire d’étape sur un Grand Tour avant cette année, et ses 34 ans.