Paris-Roubaix - Mangeas : «Dommage que Raymond Poulidor soit parti trop tôt !»

Par Arthur DE SMEDT le 04/04/2024 à 19:21. Mis à jour le 07/04/2024 à 16:01.
Paris-Roubaix - Mangeas : «Dommage que Raymond Poulidor soit parti trop tôt !»
Paris-Roubaix
Photo : @Cyclism'Actu / CyclismActu.net

Oh, que cela fait du bien de retrouver notre chroniqueur de Cyclism'Actu (speaker 41 années sur Paris-Roubaix et sur le Tour de France, faut-il le rappeler) tellement occupé, Daniel Mangeas il ne vous avait pas manqué, vous ? Le Tour des Flandres est désormais derrière nous... place maintenant à l'autre grand Monument pavé, Paris-Roubaix, où Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) aura l'occasion ce dimanche de rentrer encore un peu plus dans l'Histoire de son sport ! À quelques jours de la 121e édition de l'Enfer du NordCyclism'Actu a évoqué cette course mythique avec l'un des historiens du cyclisme en France : Daniel Mangeas ! Avec ses 41 Paris-Roubaix au compteur, l'ancien speaker du Tour de France est extrêmement bien placé pour vous conter la petite histoire de cette épreuve emblématique du calendrier, mais encore plus pour parler du grand favori de la course et de sa relation fusionnelle avec feu son grand-père Raymond Poulidor, qu'il connaissait si bien...

Vidéo - Daniel Mangeas et Paris-Roubaix, sa chronique Cyclism'Actu !

 

Daniel Mangeas, 121e Paris-Roubaix ce dimanche. Que t'évoque cette course mythique qu'est l'Enfer du Nord ?

Pour moi, Paris-Roubaix, c'est quelque chose de particulier. Il y a vraiment une solennité, un enjeu, un stress qui accompagnent les coureurs dès la veille, et même bien avant. Mais quand on présente les coureurs la veille du départ, ils sont déjà dans leur bulle et dans la compétition. C'est l'un des rares moments où l'on voit cela, car c'est une journée qu'on doit impérativement réussir. Sur le Tour de France, si on rate une étape, il y en a une vingtaine d'autres qui suivent, là ce n'est pas le cas. Et puis pour une catégorie de coureurs, c'est l'objecif de la saison. On a vu Mathieu van der Poel gagner le Tour des Flandres une troisième fois. Je ne dirais pas qu'il arrivera décontracté, mais je pense qu'il aura un côté serein en ayant déjà réussi son début de saison. Car il y a un enjeu énorme sur Paris-Roubaix, tout est palpable. On voit la tension chez les coureurs et l'encadrement, c'est une course complètement différente des autres.

 

Si tu devais décrire en un mot Paris-Roubaix ?

J'en utiliserais deux : chance et malchance ! C'est important de ne pas être victime de la malchance, et il faut peut-être avoir une part de chance pour faire la différence par rapport aux autres. La course peut se jouer et se gagner à n'importe quel endroit, c'est une tension permanente du premier secteur pavé jusqu'à l'arrivée. C'est une dramaturgie cinq étoiles. On le voit avec les audiences télévision et avec les spectateurs sur le bord des routes : c'est un Monument. Pour un coureur, même s'il sait qu'il ne va pas gagner Paris-Roubaix, terminer dans les délais est déjà une victoire. Je me souviens d'un coureur, Evaldas Siskevicius, qui était arrivé hors-délai sur le vélodrome, qui était fermé. Il a dit : "Je reviendrai l'an prochain". Il s'est préparé pour, et il est allé chercher une 9e place, ce qui est une sacré performance. Un coureur qui veut préparer Paris-Roubaix, dès sa première course de la saison, il est déjà, par la pensée, sur les secteurs pavés.

 

Parmi tes nombreux souvenirs de la course, toi qui l'as commentée tant de fois, si tu devais en ressortir un, là comme ça, à quelques jours de cette 121e édition ?

En tant que bon Français, je pense aux victoires de Gilbert Duclos-Lassalle et de Marc Madiot. J'entends le public du vélodrome de Roubaix qui scande des "Madiot ! Madiot !", j'avais lancé ça, le public avait répondu. C'était des frissons. Il y a une communion entre le coureur et le public, une vraie admiration qui vient des tribunes pour envelopper les cyclistes. Chaque coureur qui termine Paris-Roubaix est un véritable héros, ce sont des souvenirs qui m'ont marqué. Autre souvenir, la victoire de Dirk Demol devant Thomas Wegmüller (1988, ndlr). Ce n'était pas sur le vélodrome, on arrivait devant les établissements La redoute. Ils avaient mené une longue échappée, et avaient piégé tous les favoris.

Mais mes souvenirs sont vraiment tricolores, comme celui de voir Bernard Hinault gagner avec le maillot de champion du monde. On est en 1981, et cette année-là, il y a un spectateur, qui est le plus prestigieux des champions bretons avant Hinault, c'est Louison Bobet. Il nous a quitté quelques temps après. Imaginez, Louison Bobet qui regarde et assiste à la victoire de Bernard Hinault. C'est une image que je n'oublierai jamais.

 

La transition est toute faite : on a dû mal à imaginer autre chose qu'une victoire du champion du monde dimanche, tant Mathieu van der Poel semble au-dessus du lot. Quel est ton regard sur ce coureur et champion exceptionnel ?

Je voyageais souvent avec son grand-père Raymond Poulidor. Quel dommage qu'il soit parti trop tôt ! Car je pense que dimanche dernier, il aurait été au comble du bonheur. Troisième victoire sur le Ronde, et il y faut ajouter deux deuxièmes places, c'est absolument phénoménal ! Il a déjà gagné Paris-Roubaix, il est champion du monde. Je ne dirais pas qu'il va arriver décontracté, mais il sera au départ avec un tel capital confiance... Il est intraitable. Je pense, et je suis certain, qu'il a envie de gagner cette course, d'autant plus que Raymond Poulidor y était très attaché. Je rappelle également que le papa de Mathieu, Adrie van der Poel, avait terminé 3e lors de la dernière victoire de Sean Kelly, en 1986.

Quand on parlait de Paris-Roubaix, Raymond Poulidor me disait toujours : "Le jour où je suis passé le plus près de la victoire, c'est mon dernier Paris-Roubaix. C'est une course que j'aurais dû gagner". Il avait 41 ans, il avait dû terminer 10e ou 11e (12e en 1977, ndlr), il avait été terrassé par de nombreuses crevaisons. Alors évidemment, son petit-fils qui gagne à Roubaix, on imagine l'intense moment qui aurait été le sien s'il avait été témoin oculaire de cet évènement. Ils étaient fusionnels Raymond et Mathieu, et obligatoirement, quand ce dernier gagne, il pense à son grand-père. C'est extraordinaire d'avoir cette pensée du petit-fils vers celui qui a été le plus populaire des champions français. Raymond m'avait parlé de Mathieu quand il avait une dizaine d'années. "Tu verras, j'ai un petit-fils, il a un talent fou, c'est sûr que ce sera un champion". Et bien, il a été visionnaire, car avec ce qu'on a vu dimanche dernier, et peut-être encore ce dimanche, il ne s'était pas trompé.

 

Les Français pour cette 121e édition, quelque chose à espérer ?

Le dernier podium remonte à Sébastien Turgot, 2e en 2012. On a de bons coureurs. Gagner Paris-Roubaix, je ne sais pas, mais on a des Florian Sénéchal, des Adrien Petit, Rémi Cavagna qui seront au départ. Et puis des Pierre Gautherat ou encore Alexis Renard, on a une bonne génération de Français qui est peut-être là pour apprendre, mais lorsqu'on apprend, parfois on réussit à conclure. On a toutes les raisons d'être optimistes et ambitieux en France.

 

Pour conclure, un souhait, une envie particulière pour ce dimanche ?

Ce qui me ferait plaisir, et surtout plaisir à tous les coureurs, du soleil, du ciel bleu, un public présent en masse avec un côté 14 juillet, et que nous vivions une bien belle course.

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