Mag - Le dopage, c'est aussi dans les autres sports !

Par Yohann TRITZ et Alexis ROSE le 24/06/2014 à 18:10

Photos : MPCC - tv5.org - Tennis Actu

 

"Aujourd'hui, à part le cyclisme, les sports parlent peu de la lutte antidopage. C'est une manière de ne pas être trop confronté à ces problèmes". Ces dires sont ceux de Daniel Baal, ancien président de la Fédération Française de Cyclisme. Vous me direz, celui-ci défend son sport. Pas forcément ! Patrick Mignon, responsable du laboratoire de sociologie du sport de l'INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance), est plutôt en accord avec cette analyse. Le dopage est partout. Comparaison avec deux autres sports en pleine actualité d'aujourd'hui. Le tennis et Wimbledon et enfin le football, Coupe du Monde oblige.

 

Le cyclisme en "porte-parole"

 

imageDans le sport en général, les premiers contrôles antidopage ont été effectués au milieu des années 1950. Mais le dopage a vraiment été pris au sérieux à partir des années 1990 (avec les lois du 28 juin 1989 et du 23 mars 1999, en France, et avec la création de l'Agence Mondiale Antidopage en 1999). Une prise de conscience tardive qui est due à la difficulté de dépistage, selon Patrick Mignon "Le problème avec le dopage c'est que les faits flagrants sont démontrés que beaucoup plus tard. Prenez le cas Armstrong, il a eu le temps de gagner sept Tours de France avant qu'on le coince".

Le cyclisme n'est pas traité de façon identique face à la lutte antidopage. Dans les médias, c'est toujours un peu les mêmes sports qui "prennent les coups". Le cyclisme est souvent visé par les médias. "Certains sports sont plus touchés par le dopage mais seulement en termes de visibilité. C'est le cas du vélo qui est constamment sous le feu de la rampe. Mais on peut rajouter l'athlétisme lorsque les Jeux Olympiques approchent. D'autres le sont moins, mais l'on peut douter des performances tout autant". Le cyclisme est la "cible idéale", mais, si l'on en juge le pourcentage de contrôles anormaux, par rapport au nombre de contrôles réalisés, ce sport n'est que le 6ème "sport où il y le plus de dopés" (pour plus d'informations, c'est ici) :

 

image

 

 

Car aujourd'hui, le dopage est davantage sophistiqué, et permet de développer outre ses capacités physiques, sa musculature. "Le dopage est potentiellement applicable à tous les sports. Les pratiques sont peut-être différentes selon les protocoles ou les produits mais les effets restent les mêmes".

 

Le football passe à travers les gouttes...

 

imageMais le cyclisme n'est pas le seul sport à avoir recours au dopage. Le football est touché tout autant, notamment de l'autre côté des Alpes, en Italie, où la pratique est largement diffuse "Les clubs de la Juventus et Rome ont été pendant un temps mis sur la sellette. Pas mal de footballeurs sont, à l'époque, morts de manière prématurée et cela peut laisser penser à des pratiques dopantes". Dernièrement, une enquête avait été même ouverte sur le club de la Juventus Turin, suspectée d'avoir eu recours à des produits dopants notamment en 1996. Année où l'actuel sélectionneur de l'Equipe de France, Didier Deschamps, évoluait sous ces couleurs. L'ancien médecin de l'équipe de France de football entre 1993 et 2004, Marcel Ferret, avait même été pointé du doigt…

Le football a longtemps refusé de pratiquer des analyses sanguines et urinaires pendant les compétitions. Patrick Mignon explique cela par la crédulité des supporters. "On partait du constat que le dopage ne servait à rien dans le foot donc il n'y en avait pas. Ce qui était complétement faux. Ça marche pour tous les sports et pas qu'individuels. On peut augmenter le physique de chaque joueur pour favoriser une équipe". Et puis, le monde du ballon rond n'a pas toujours voulu communiquer les résultats, pour parfois laisser filer "Il y a des sports dont le souci de transparence est plus ou moins fort. On peut penser que le football a été un peu réticent à faire les lumières sur les pratiques".

 

Le tennis, vilain petit canard

 

imageDans le tennis, c'est la fédération internationale qui gère tous les contrôles. Celle-ci a donc le pouvoir de faire ce que bon lui semble. Les agences externes (comme l'AMA ou l'AFLD) n'ont pas accès aux contrôles réalisés par l'ITF. C'est d'ailleurs la même chose pour la FIFA en football. Ceci n'apparaît pas très normal, car pour éviter toute "suspicion", il devrait y avoir plusieurs instances derrière les contrôles antidopage. Dans ces deux cas, la fédération sportive a tous les pouvoirs. Elle peut donc cacher certains résultats anormaux pour permettre à son sport d'avoir toujours une bonne image auprès du grand public. D'ailleurs, le tennisman Français Jo-Wilfried Tsonga expliquait ne plus trop croire en la lutte antidopage dans son sport. Au dernier tournoi de Bercy, à la fin du mois d'octobre dernier, il disait : "On ne sait plus ce qui est vrai, ce qui n'est pas vrai. Je ne sais plus qui croire. J'ai l'impression que tout le monde ment, que même les instances, celles qui sont censées nous contrôler, à un moment donné, ne disent pas la vérité. Quand on entend que l'on nous a caché qu'untel a été positif parce que ci ou ça et qu'on l'apprend dix ans après, on se dit aujourd'hui encore : On ne nous dit pas les choses".

Le Sarthois révèle ici la problématique qui domine le tennis en matière de dopage. Tout est un peu flou. Comme le confirme Patrick Mignon "Dans le tennis on ne sait pas trop. Il y a bien Richard Gasquet avec la cocaïne –Suspendu deux mois et demi- ou encore Rafael Nadal qui prendrait des corticoïdes. On parle aussi beaucoup de produits comme la marijuana ou le cannabis. Mais encore là on n'est qu'au stade du doute. On n'a aucune preuve".

 

Une disparité des contrôles et des pratiques

 

"Le cyclisme a pris le temps mais travaille aujourd'hui afin d'éradiquer le fléau ou en tout cas de le diminuer au maximum. Car il faut trouver des moyens de détection toujours plus perfectionnés et ça ne se fait pas tout seul. Malgré tous ces efforts, on a du mal à affirmer que le gens se dopent parce que sinon c'est une manière de déconsidérer ce sport", constate Patrick Mignon. C'est pourquoi certains sports rechignent à faire de la lutte anti-dopage, un objectif majeur.

 

Sports

Contrôles réalisés en compétition (en 2011)

Contrôles réalisés hors-compétition (en 2011)

Nombre de contrôles sanguins (en 2011)

Pourcentage de contrôles réalisés par l'AFLD (en 2011)

Tennis

1 934

216

131

1,8 %

Football

3 686

805

/

9,5 %

Cyclisme

5 515

5 699

3 945

26 %

 

Dans ce tableau, on remarque qu'Alberto Contador, cycliste espagnol, a 26 chances de plus d'être contrôlé, hors compétition, que son compatriote Rafael Nadal, tennisman. En 2011, 49 % des tests antidopage effectués dans le cyclisme étaient des contrôles sanguins, réputés plus performants que les prélèvements urinaires. Par comparaison, le football ou le tennis qui se contente de 3 % de contrôles sanguins… Par exemple, lors du dernier Euro de football en 2012, il n'y a eu aucun contrôle sanguin effectué. John Fahey, le président de l'AMA, s'était alors assigné comme objectif de faire passer le niveau des contrôles sanguins à au moins 10 % dans toutes les disciplines. Deux ans plus tard ? Rien n'a évolué ou presque…

imageUn autre aspect montre un certain désintérêt, de certains sports, de la lutte contre le dopage. C'est le budget consacré à cette lutte. Dans certains sports celui-ci est très bas. Par exemple, le budget antidopage de la Fédération internationale de tennis est estimé à un peu moins de deux millions de dollars, soit à peu près ce que touche individuellement le vainqueur de l'Open d'Australie, un titre du grand chelem (les plus gros tournois de la saison, Ndlr)…

Enfin, il existe aussi une inégalité par rapport aux sanctions infligées par les fédérations sportives. Par exemple, pour un contrôle positif à un diurétique, le cycliste Frank Schleck a écopé d'un an de suspension alors que la sprinteuse Véronica Campbell, pour le même problème, n'a reçu qu'un avertissement. D'un autre côté, le footballeur Portugais Deco (ancien du FC Barcelone et Chelsea) avait pris un an aussi pour cette même prise. Un principe qui permet à Patrick Mignon de penser à l'homogénéisation des contrôles et à la détection dans le monde. "Il y a une tendance à l'uniformisation depuis la création de l'AMA. Par exemple, Le CIO ou la FIFA peuvent être amenés à retirer leur agrément à un centre de contrôle de dopage parce qu'il y a des erreurs. Mais l'unification n'est pas encore aboutie car les pays ont un investissement différent. La lutte antidopage a besoin de moyens importants et d'une volonté des politiques d'un Etat (l'AMA est financée par les Etats). Car comme la science, le dopage avance tout le temps. Et il faut constamment combler le trou. Même si l'on a refait une grande partie du retard sur le sujet". Car l'Agence Mondiale Antidopage veille aujourd'hui.

 

Le dopage décrédibilise le sport

 

Il existe donc une "lutte antidopage à 3 vitesses" : les sports qui luttent contre ce fléau qu'est le dopage, ceux qui essayent tant bien que mal de lutter et ceux qui ne veulent pas lutter contre, ou qui ne peuvent pas. En 1997, les Français étaient 92 % à penser que le dopage était une menace importante pour le sport de haut niveau. Mais l'année suivante, dans un autre sondage, ils étaient 26 % à considérer que le niveau sportif actuel et l'exigence du spectacle peuvent justifier le dopage. Patrick Mignon en a conscience : "Il y aura toujours un doute. Maintenant que l'on sait qu'il y en a, pourquoi un athlète n'en prendrait pas ? Ca sème le doute tout le temps, dans toutes les performances. Est-ce que c'est le fait d'une physionomie extraordinaire ou d'un coup de pouce scientifique ? Cependant, l'amour pour le sport dominera toujours les problèmes. Par exemple dans le cyclisme, quelqu'un qui a été supporter d'Anquetil n'avouera jamais". C'est désormais à l'Agence Mondiale Antidopage, aux agences nationales et aux fédérations sportives de prendre conscience que cette lutte est importante pour la crédibilité du sport en général. Mais Patrick Mignon conclut : "L'amour du sport dépasse tout. Quel supporter d'Anquetil dira que son idole a été dopée ? Personne. On ferme les yeux sur ça". C'est peut être ça, la beauté du sport. 

 

Sources : AFLD / AMA / Tennis Actu.

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