Mag - Cyclisme, Tennis, Football, qui gagne le plus ?

Par Yohann TRITZ le 15/07/2014 à 14:02

Source : Veloruck

 

Depuis que le sport professionnel existe, l’argent a toujours été au centre des préoccupations. Gagner plus, acheter plus, payer plus, des verbes indissociables du haut niveau aujourd’hui. Cependant, chaque sport n’est pas logé à la même enseigne sur ce point. Wladimir Andreff est professeur émérite de Paris la Sorbonne, Président d’honneur de l’International Association of Sports Economists et de l’European Sports Economics Association. Il fait l’état des lieux des différences économiques entre trois sports en pleine lumière en ce mois de juillet. Le cyclisme, le football et le tennis.

 

Des fossés entre les revenus perçus par les "stars"

 

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Alberto Contador, Rafael Nadal et Lionel Messi. Trois grandes stars. Tous attachés par leur club ou par leur nationalité à l’Espagne. Un trio qui a tout gagné ou presque dans sa discipline respective. Mais malgré ces points communs, un critère principal les distingue : le salaire. Lionel Messi est un des footballeurs les mieux payés au monde. Avec un nouveau contrat, signé en mai dernier, de 14 millions d’euros annuel. Un chiffre gigantesque. Pour Rafael Nadal, le système financier est différent. Pas de salaire, mais une rémunération en fonction des résultats et des tournois. C’est le « prize money ». En 2013, le numéro 1 mondial a touché 8 millions d’euros. Pour Alberto Contador, la donne n’est pas la même. Obligé de baisser son contrat pour rester au sein de l’équipe Tinkoff-Saxo, il perçoit aujourd’hui 2,8 millions d’euros par an. Un gouffre par rapport aux deux autres. Et ce n’est pas fini…

Car en ajoutant les revenus publicitaires et celui des sponsors, la différence est encore plus flagrante. Cette fois-ci encore, Lionel Messi survole le classement avec 41 millions d’euros annuel. Derrière, Rafael Nadal est déjà loin, avec 15 millions d’euros (mais Roger Federer émerge lui à 65 millions d’euros). Vient enfin Alberto Contador et ses 4,8 millions de gains, grâce notamment à la marque Specialized, qui le sponsorise à hauteur de 2 millions par an. Plus diverses primes en fonction des résultats bien entendu. Un écart conséquent qui s’explique pour Wladimir Andreff, économiste du sport, par un facteur historique « La cassure se trouve dans les années 90. Il y a un renforcement de la médiatisation et surtout la création de l’arrêt Bosman. Depuis, le modèle est complétement différent ». Avant cette « révolution », le fossé qui sépare ces sports n’était pas aussi grand. « Il faut distinguer un avant et un après. On ne peut pas comparer le sport d’aujourd’hui et celui d’hier. Le sportif le mieux payé à l’époque l’était autant qu’un footballeur lambda en Ligue 1 ».


La médiatisation a tout changé

   

imageDepuis l’arrivée de la télévision. Tout a changé. Les droits TV ont totalement remis en cause le système économique des sports. Wladimir Andreff prend l’exemple flagrant du football « Avant la principale source de revenus des clubs provenait pour 80 % des spectateurs. Le reste, c’était des subventions. Il n’y avait presque pas de sponsors. Dans les années 80, le sponsoring c’était ni plus ni moins qu’1% du financement total. Aujourd’hui, les droits TV ont pris le dessus. Pour un club, c’est 50% des revenus. Le sponsor 20%. Et seulement 15% pour les recettes aux guichets. On rajoute à cela les nouvelles recettes comme le merchandising ou la cotation bourse et le compte y est. En 2014, des clubs pourraient même se passer des spectateurs dans les stades ! ». Une condition qui ne s’applique pas au cyclisme mais qui résume bien la situation « L’évolution dans le cyclisme n’est pas autant marquée parce qu’ils ont un modèle propre. Le sponsor est aussi le propriétaire de l’équipe depuis l’abolition des équipes nationales. C’est un autre genre mais l’impact reste le même ».

   

Les droits TV, principaux sponsors du sport

   

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Cette année, l'obtention des droits de retransmission pour la saison 2014/2015 de Ligue 1 a atteint des sommets avec 748,5 millions d’euros. Un record. En comparaison, France Télévisions a acquis le droit de diffuser Roland Garros pour 17,5 millions et un peu plus pour le Tour de France (23 millions d’euros). Même si ces évènements durent moins longtemps, la différence reste tout de même énorme. « C’est simplement dû au nombre de téléspectateurs, beaucoup plus nombreux dans le football » souligne Wladimir Andrieff. Car, en moyenne, le match phare de Ligue 1 attire 1,8 millions de téléspectateurs chaque dimanche soir ! C’est à peu près la même pour Roland Garros qui
s’étale sur deux semaines mais beaucoup plus pour le Tour de France (3,9 millions de moyenne journalière). Cependant, la Grande Boucle reste une exception « Wimbledon est regardé par plus de personnes que n’importe quelle autre course cycliste hors Tour de France. Par semaine, on atteint 2-3 heures de retransmission en moyenne pour le vélo, par rapport au football c’est très faible ». Ceci explique pourquoi une telle marche existe. Et pour retranscrire ce phénomène économique, Wladimir Andreff a une phrase toute faite « Plus on en attire de personnes, plus la distribution de l’argent est forte ». En d’autres termes, médiatisation = sponsor = argent. Un cercle vicieux qui tend à creuser le fossé entre les sports les plus médiatiques et les sports peu retransmis « Mais le cyclisme, le football et le tennis restent des sports dans le haut du panier. Si on parle de la lutte par exemple, on entre dans une autre dimension ». 

   

Les sponsors collent au média

   

Et il n’y a pas que les droits télévisés qui pèsent dans la balance. Les sponsors rentrent aussi dans la danse. Attirés par la foule, comme une sangsue à la peau, elle défigure encore plus le système économique du sport. Car, quand le sponsor qatari débourse 200 millions par an pour figurer sur le maillot de l’équipe de football du Paris-Saint-Germain, le « naming » d’une équipe cycliste coûte aux alentours de 8 à 10 millions d’euros… « Plus on est diffusé, plus on peut négocier de gros contrats. C’est la loi du sport ».

 

Des clichés à éviter

   

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Et pourtant, le caractère individualiste du tennis et du cyclisme pousserait à penser que les revenus sont plus importants pour les sportifs de ces disciplines. Moins nombreux. Comme pour l'exemple du golf, sport le plus riche du monde avec Tiger Wood en tête de proue (78 millions de dollars de revenu annuel). Wladmir Andreff balaie d’un revers de main ce cliché « Le tennis, c’est un sport de duel, donc pas individualiste. Pour le cyclisme, c’est un sport d’équipe.Aucun coureur, même dopé, n’arriverait à gagner le Tour de France sans équipiers. On entre donc dans d'autres critères ». Le dopage tiens, parlons-en. Car l’image renvoyée par son sport pourrait aussi entrer en ligne de compte. Encore une fois, on se trompe, comme l’explique l’économiste « A court terme à la rigueur cela peut jouer et encore. Regardez l’affaire Festina. Pendant un temps, les gens ont entendu le nom de cette marque partout à la télé. C’était un énorme coup de pub ».


Même combat chez les gagne-petit

   

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Quand on s’intéresse aux échelons inférieurs le constat est un peu différent. Le salaire moyen d’un footballeur est de 480 000 euros bruts par an tandis que pour le World Tour, 1e division cycliste, il est divisé par deux (264 000 euros annuel). Et pour le tennis, c’est encore autre chose « C’est le mode de compétition du tournoi qui fait ça. Car dès que l’on passe un tour, on gagne deux fois plus que le tour précédent. Ça engendre d’énorme différence ». Impossible de définir donc le salaire moyen. Mais les disparités sont grandes. Et quel que soit le sport, l’écart entre les revenus les plus hauts et les plus faibles est énorme. Quand d’autres gagnent des millions, certains ne touchent que le minimum syndical. Soit 2500 euros chez les cyclistes et… 2800 euros en Ligue 1. Comme quoi, plus on descend, et plus les niveaux sont proches.  

  

Le sport, miroir de la société

  

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Le sport est l’image de la société. Les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres. Et difficile de freiner cette tendance « Il faudrait abolir le capitalisme et l’économie de marché.  Et c’est plutôt mal parti. Il y a même des risques que ça s’amplifie. Regardez, actuellement les 10% les plus riches sont aussi riche que les 90% restant. Dans les sports c’est pareil. Par exemple, je peux vous donner deux noms en Ligue 1 et je suis sûr de tomber sur le champion. Ça fausse en grande partie le jeu. » Cependant, certaines entités et législations essayent de contrer ce phénomène sociétal « Le football a créé la DNCG (Direction National Contrôle de gestion) en France et le Fair-Play Financier en Europe. Réduire les différences de revenus, c’est le meilleur moyen pour que tous les autres sports, moins riches, reviennent à hauteur ». Mais il reste encore du chemin. Beaucoup de chemin. Qui ne sera peut-être jamais rattrapé d’ailleurs. Mais pour le tennis, le cyclisme et le football, Wladimir Andreff se veut positif  « Avec ces trois sports on reste quand même dans le gratin mondial. Il n’y a pas trop à se plaindre contrairement à d’autres».

 

Sources : smart-http.com / Nationpressinfo / bleacherreport/ Sponsoring.fr / Colissport.

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