La Vuelta - Alberto Contador : «Je prends un risque»
Par Antoine PLOUVIN le 23/08/2014 à 15:58
Vidéo - Alberto Contador avant le départ - La Vuelta 2014
Il y a moins de dix jours, Alberto Contador créait la sensation en annonçant participer à La Vuelta, son Tour national. Enfin ça n’était qu’une demie surprise, le bruit courant depuis quelques jours auparavant. Souvenez-vous, lundi 14 juillet… « El Pistolero » chutait sur le Tour de France, lors de l’étape de La Planche des Belles Filles. Une lourde chute. Même s’il continuait quelques kilomètres à vélo, dépassant même quelques grupetti, il dû s’arrêter définitivement. Verdict sans appel : Fracture du tibia. Une fracture importante pour un coureur cycliste. La Vuelta semblait donc inenvisageable, débutant tout juste un peu plus d’un mois plus tard. Mais apparemment, le Madrilène a récupéré plus vite qu’espéré. Voir le Tour de France à la TV, s’en était trop pour le coureur de Tinkoff – Saxo. Alors ce samedi, à Jerez, il prendra bien le départ de la soixante-neuvième Vuelta a España. Mais, pas encore complétement remis, de quoi sera-t-il donc capable ?
« J’ai connu différentes phases durant ces six semaines entre ma chute sur Le Tour de France et aujourd’hui, le départ de cette Vuelta. Dix jours après mon opération, je commençais à récupérer. Mais à ce moment là, les médecins sont venus chez moi pour contrôler et ils ont vu que la plaie devait être nettoyée. Il y avait encore de petits cailloux dedans, alors ils ont rouverts. Du coup, je repartais à zéro… Mais à partir de là, tout a changé. J’ai récupéré beaucoup plus vite, et le travail des kinés et masseurs de mon équipe, avec l’assistance de Compex et Indiba (ndlr : deux sociétés spécialisées dans la préparation physique des sportifs) ont été d’une grande aide. Dès lors que j’ai pu commencer à bouger mon genou, j’ai fait de mon mieux. En fait, dès le départ, j’espérais pouvoir faire cette Vulta, mais tout dépendait de comment j’allais récupérer. Reste une grosse inconnue quand même, c’est quel sera mon niveau en course. »
« J’espère que ça n’aura pas de répercussions sur ma saison prochaine »
Une belle leçon de courage donc de la part d’El Pistolero. Sa chute sur le Tour de France avait été une énorme déception, alors qu’il avait réalisé jusque là, peut-être le meilleur début de saison de sa carrière, avec six victoires et deux deuxième places aux classements généraux d’épreuves World Tour. « Pour moi, ça a été vraiment dur de regarder Le Tour à la télévision. Je m’étais entraîné si dur, et j’avais fait une très bonne première partie de saison. J’arrivais vraiment dans extrêmement bien préparé pour ce Tour. C’est la raison pour laquelle, dès lors que je pouvais prendre le départ de cette Vuelta, il ne pouvait en être autrement. Je sais que je prends un risque et que la meilleure chose à faire aurait probablement été de penser directement à la saison prochaine. J’ai parlé avec le docteur Manuel Leyes qui m’a dit qu’il serait plus sage d’attendre la dernière IRM de contrôle, mais je n’avais pas le temps et je ne voulais pas qu’en cas de problème, ça me fasse changer d’envie. J’espère maintenant que ça n’aura pas de répercussions sur ma saison prochaine ».
« La clé sera de voir comme je parviens à récupérer »
« Annoncer que je cours ici pour la victoire serait vraiment trop après d’où je reviens. Surtout avec le niveau de la concurrence, qui sera ici très élevé. Il y aura beaucoup de prétendants à la victoire finale. Moi je suis ici dans une position et un état de forme très différent du départ du Tour de France. Je pars vraiment dans l’inconnu. On va voir jour après jour où j’en suis. Bien sûr sur cette première semaine, je vais d’abord essayer de ne pas perdre de temps. Mais il y a déjà deux étapes, la troisième et la cinquième, avec des arrivées en montées, pour coureurs explosifs comme Alejandro Valverde ou Joaquin Rodriguez. Moi je n’ai pu m’entraîner que quelques jours, alors j’ai forcément du retard sur ma préparation. Pour moi, la grande interrogation sera de voir comment réagit mon corps. Et la clé sera de voir comme je parviens à récupérer. Si au bout d’une dizaine de jours je suis toujours bien placé, je pourrai alors penser à changer de stratégie. »
« Le favori, c’est Froome ! »
« S’il arrive à 100%, le favori est Christopher Froome. Il a une forte équipe et on connaît ses aptitudes en montagne et en contre-la-montre. Pour ma part, c’est sûr qu’ici je n’ai pas avec moi des coureurs comme Nicolas Roche, Michael Rogers ou Rafal Majka, mais nous avons quand même un bon groupe avec des coureurs pour le plat et des grimpeurs qui peuvent très bien faire. Je ne suis absolument pas inquiet au sujet de mon équipe, aussi parce que je ne pense pas être prêt à jouer la victoire, et donc à devoir avoir une équipe pour défendre mes ambitions au général ».
Mais le champion Espagnol a aussi averti qu’il fallait être vigilent sur toutes les étapes et rappelé qu’en 2012, c’était lors d’une étape, considérée de transition, que la course avait, définitivement, basculée en sa faveur, aux dépens d’un Purito Rodriguez qui ne s’attendait pas à ça.