ITW - Sagan, journée galère : «Je n'y croyais plus»
Par Antoine PLOUVIN, à Harelbeke le 28/03/2014 à 20:41
Vidéo - Peter Sagan après sa victoire au GP E3 Harelbeke 2014
Ce n’est que la troisième édition où elle porte le label World Tour, mais incontestablement, il ne manque que quarante kilomètres au Grand Prix E3 Harelbeke pour rivaliser avec les monuments. Comme à son habitude ces dernières années, le « petit frère du Tour des Flandres » a offert une course magnifique, avec des chutes, Flandrienne oblige, de nombreuses attaques, une fin pleine de suspense, et au final, les meilleurs de ceux qui ont évité les chutes et autres pépins, à l’avant. Et son vainqueur doit être content. Peter Sagan a certes gagné Gent – Wevelgem l’année dernière, mais cette victoire sur le E3 Harelbeke lui tenait sans doute plus encore à cœur, tant il aime ces classiques Flandriennes. On ne peut pas dire qu’il ait été dominateur, comme Fabian Cancellara l’avait été l’an passé. Mais il a su gérer une journée plus que compliquée, où il a dû vaincre la malchance, partir au bon moment et gérer la concurrence de deux coureurs d’Omega Pharma et de Geraint Thomas. A n’en pas douter c’est une grande journée pour Peter Sagan, et un avertissement pour tous ses adversaires dimanche prochain au Tour des Flandres.
La critique en Italie
Lundi matin, la Gazzetta dello Sport lui consacrait un article peu élogieux. Seulement dixième à Milan – San Remo, il n’était pas à la hauteur des attentes. En tout cas des attentes des observateurs Italiens. Nous l’avions rencontré deux jours avant la « Primavera », et il nous avait bien semblé que son esprit était déjà plus tourné vers ces Flandriennes (lire ici). Et la course de dimanche dernier lui a plutôt donné raison. Interrogé en conférence de presse sur cet article peu flatteur, il répond un peu amusé, mais en même temps nonchalamment : « Je ne lis pas les journaux. Le travail des journalistes c’est d’écrire. C’est comme ça ». Et il poursuit : « Après Milan – San Remo, j’ai tout de suite tourné la page. C’était une journée particulière avec la pluie, le froid… J’ai beaucoup souffert ce jour là. Aujourd’hui, je voulais gagner ! C’était aussi un excellent moyen de voir où en était réellement ma condition. Et puis commencer les Flandriennes, comme cela sous le beau temps, c’est une bonne chose. Ça donne déjà un bon sentiment pour démarrer et puis il y a la victoire au bout. C’est la meilleure façon de commencer. »
La malchance
Et quelle victoire ! Il a connu la malchance avant même le premier enchaînement Eikenberg – Taaienberg. « Après 100 kilomètres, je me suis retrouvé impliqué, avec mon coéquipier Oscar Gatto dans une chute. J’ai dû changer de vélo, et c’est un coéquipier qui m’a échangé le sien. Alan Marangoni m’a donné son vélo car c’est le seul de mon équipe à avoir le même cadre que moi. Mais ce n’était pas les mêmes mesures, alors pendant 40 kilomètres, j’ai dû rouler sur un vélo qui n’était pas taillé pour moi ». Après le Taaienberg, le peloton s’est reformé. Il en alors profité pour reprendre un vélo à ses dimensions.
Dans le Oude Kwaremont, la sélection s’opère sous l’impulsion de Geraint Thomas. Un groupe se forme et Sagan ne tarde pas à venir s’y greffer, mais il était quand même un peu en difficulté.
« Je n'y croyais plus. Je ne me pensais plus pouvoir gagner après les efforts déployés pour revenir, les 40 kilomètres sur un vélo pas à mes côtes. L’idée, à partir de là, était de réussir à rester devant le plus longtemps possible et voir comment la course se développait. Et puis dans le Kwaremont, j’ai aussi été distancé. J’ai dû faire l’effort pour rentrer à contretemps… Alors je n’ai réellement cru en mes chances que dans les derniers kilomètres. »
"Quand j’ai sprinté, j’ai vu que personne n’était en mesure de revenir sur moi"
Presque une journée galère. Et quand enfin, il est en mesure de créer la sélection, il emmène sur son porte bagage deux coureurs de la Omega Pharma et un homme qui a montré qu’il était en forme cette année. En effet, dans la Karnemeikbeeksraadt, cette nouvelle difficulté, le Slovaque accélère. Il se retrouve avec Geraint Thomas (Sky), Stijn Vandenbergh (OPQS) et Niki Terpstra (OPQS), vainqueur mercredi de A Travers les Flandres.
« Dans le final, les Omega Pharma ont arrêté de relayer, espérant un retour du peloton avec Boonen. On sait aussi que Thomas est fort sur ces courses, et il l’avait encore montré dans son attaque au Kwaremont, ou quand il a sauté dans ma roue alors que c’était moi qui avait attaqué… Dans le final, c’était un jeu tactique. Je me méfiais surtout de Terpstra. Il a gagné mercredi. Mais à l’arrivée, quand j’ai sprinté, j’ai vu que personne n’était en mesure de revenir sur moi. »
Le règne Sagan est il en marche pour 2014 ?