ITW - La retraite de Richard Virenque, 10 ans déjà !
Par Benoit LAURENTI le 24/09/2014 à 22:08
Vidéo - Richard Virenque et son Mont Ventoux
Il y a dix ans jour pour jour. Richard Virenque prenait sa retraite sportive. Longtemps considéré comme le mouton noir du cyclisme Français suite à l'affaire Festina, il a su au fil de temps se faire apprécier de la foule au point de devenir une des personnalités sportives préférée des Français. Retour sur une retraite qui marque un tournant dans le paysage cycliste Français, retour sur les dix années qui viennent de s'écouler, retour sur... Richard Virenque.
Dix années se sont écoulées depuis votre retraite. Dites-nous Richard, que restera votre meilleur souvenir ?
Sur l'ensemble de ma carrière je dirais... Le dernier qui m'a vraiment marqué. Ma victoire à Saint Flour le 14 juillet 2004 restera un jour particulier pour moi. C'est l'année de mon dernier maillot à pois, le souvenir le plus frais de toute ma carrière, celui qui me vient le plus rapidement à l'esprit, aussi.
Et le plus mauvais ?
Mon éviction du Tour de France, aucun doute là-dessus. Le contexte, la manière, toutes ces choses font que ce souvenir restera gravé un long moment dans ma mémoire. Un très long moment.
La retraite, certains l'abordent avec tranquillité, d'autres s'y refusent... Et vous, qu'est-ce qui vous a conduit à terminer votre carrière ?
Tout s'est passé assez rapidement je dois dire. Après ma convocation pour les Jeux Olympiques d'Athènes, je me suis remis en question. J'ai regardé ma carrière dans le rétroviseur. J'ai pesé le pour, le contre. Ma fin de saison a été remplie et même si j'étais encore performant j'avais aussi envie d'être plus proche de ma famille, j'avais aussi ce besoin de faire moins de sacrifices. Tout s'est déroulé assez facilement, finalement. D'autant plus que j'étais en fin de contrat avec mon équipe. Compte tenu de mes résultats j'aurais aisément pu trouver une équipe pour la saison suivante mais je n'ai pas de regrets. J'ai un peu de recul maintenant et je vois certains coureurs faire la saison "de trop" mais je n'étais pas inquiété par ça. J'ai aussi vu des coureurs poursuivre leurs carrières. Seizième, dix-septième année en tant que professionnel... J'aurais pu moi aussi, oui. Mais quelques mois après ma retraite j'ai eu un grave accident et j'ai mis beaucoup de temps pour m'en remettre alors... Sans regrets, vraiment !
Justement des regrets dans votre carrière, en avez-vous ?
Oui, deux grands regrets. Sur un plan personnel, je regrette la période 1993-1998 car je faisais partie d'un noyau dense qui s'était formé au fil des saisons. Tout a explosé en si peu de temps, deux mois, tout au plus. J'ai perdu mes marques, mes repères, mes équipiers... On repart de zéro, ça vous change une vie. Sur un plan plus "général", je regrette le traitement de l'affaire Festina et surtout la manière avec laquelle le Sénat a géré tout cela. Ils ont gardé 15 années sous le manteau des noms, des faits qui auraient pu vraiment faire avancer les choses s'ils avaient été sortis au bon moment. Il fallait battre le fer tant qu'il était chaud. Le cyclisme a payé beaucoup plus qu'il n'aurait dû. Le monde du vélo n'aurait pas eu le même visage, ma carrière non plus d'ailleurs.
Ce monde du vélo dont vous parlez, il s'est assez métamorphosé tout de même. En 2014, peut-on dire du cyclisme qu'il est un sport crédible ?
Le cyclisme a évolué, c'est clair. On a assisté à un changement des mentalités, dans le bon sens bien entendu. Le cyclisme a désormais des repères différents, on assiste à l'avènement d'une nouvelle ère, pour le cyclisme Français comme international. C'est différent d'il y a dix ans, où on avait des coureurs qui avaient l'emprise sur le peloton. Le cyclisme est passé par des moments durs, et c'est peut-être par là qu'il devait passer pour repartir de plus belle.
Assez parlé du passé. Le futur, comment se présente-t-il pour Richard Virenque ?
Le temps passe vite, les années se suivent et se ressemblent. Mon futur, ce sera d'abord le futur de ma famille puisque j'attends la naissance d'un troisième enfant. Côté professionnel je vais continuer mon activité de consultant radio et télé. Je vais aussi participer activement au lancement de la gamme CKT by Virenque que je présenterai lors du Roc d'Azur.
Et devenir patron d'une équipe, vous n'y avez jamais pensé ?
Parfois, mais ce n'est pas d'actualité. Du moins, pas en 2015...
Propos recueillis par Benoit Laurenti