ITW - Cancellara : «Prêt à courir pour la victoire !»
Par Antoine PLOUVIN le 23/03/2014 à 09:02
Vidéo - Fabian Cancellara, ce jeudi, au départ du GP Nobili 2014
Il vient d’avoir trente-trois ans, mardi dernier, lors du contre-la-montre final de Tirreno – Adriatico, dont il a pris la seconde place. En 2013, Fabian Cancellara a réalisé une année de folie en remportant consécutivement le Grand Prix E3 Harelbeke, le Tour des Flandres et Paris – Roubaix, et en finissant troisième de Milan - San Remo. La « Primavera », justement, était sa deuxième grande victoire en classique, c’était en 2008. Elle ne lui a plus souri depuis, mais sur ces trois dernières années, il y a fait deux fois deuxième, et troisième l’an passé. Alors, si l’édition 2014, sans La Manie et sans la Pompeiana, lui souriait enfin !? Lundi soir, le Suisse a donné une conférence de presse, à son hôtel de San Benedetto del Tronto. En voici quelques extraits.
"Il y a eu quelques doutes sur mon état de forme."
« Je suis prêt à courir pour la victoire maintenant ! J’ai commencé la saison différemment de d’habitude, et je pense que c’est une bonne chose. Quand j’en tire le bilan maintenant, je suis vraiment satisfait de la façon dont les choses se sont passées et dont elles continuent de se passer. A partir de ce dimanche commence une succession de cinq courses qui sont les cinq courses qui comptent pour moi. Celles qui sont sur ma liste. »
L’hiver du champion Suisse ne s’est pas passé sans heurts. Malade lors de la période de Noël, il a eu un petit accrochage avec une voiture une semaine avant la présentation de sa « toute nouvelle » équipe Trek, qui avait lieu le 10 janvier dernier, à Roubaix, dans le nouveau vélodrome. « Il y a eu quelques doutes sur mon état de forme. Les Strade Bianche ont été un bon test. J’ai vu où j’en étais et j’ai pu bien progresser sur Tirreno – Adriatico et pour les cinq objectifs qui se profilent, il ne faut pas être bon trois ou quatre jours d’affilée. Un seul suffit. »
"Il n’y a pas un coureur dont on puisse actuellement dire « wow ! »"
Sans La Manie, le parcours n’a jamais été autant offert aux sprinters. « Beaucoup de gens pensent que ça va automatiquement être un sprint, avec ce parcours simplifié. Mais nous allons bien voir. Ce sera une course difficile encore. La pluie pourrait jouer un rôle important. Sur une épreuve de 300 kilomètres, des petits détails comme la pluie ou le vent comptent énormément. »
Cancellara ne veut pas trop croire que l’issue au sprint soit une fatalité. « Nous avons vu beaucoup de bons coureurs à la fois sur Paris – Nice et sur Tirreno – Adriatico. Des coureurs qui auront intérêt à durcir la course. Nous avons vu un peloton entreprenant sur les deux courses. Mais un peloton très fort aussi de valeur à peu prés égale. A part, Alberto Contador, il n’y a pas un coureur dont on puisse actuellement dire « wow ! » (ndlr : Contador ne participe pas à Milan - San Remo). L’hiver a été bon pour tout le monde, la préparation hivernale s’est bien passée pour tout le monde, sans grand froid. Du coup, il y a beaucoup d’hommes forts. Vous voyez tout dans un peloton. Il y a ceux qui souffrent, ceux qui sont tranquilles… Vous pouvez observer leur coup de pédale, la façon dont ils finissent une course, dont ils se comportent dans le gruppetto, la façon dont ils gèrent les ascensions… »
"Peter Sagan est celui qui a l’air le plus facile"
Mais alors, qui lui a fait la plus forte impression ? « Je pense que Peter Sagan est celui qui a l’air le plus facile. Il a gagné en plus la semaine passée. Les Belges aussi ont l’air d’être prêts. Que ce soit Philippe Gilbert ou Jurgen Roelandts… Sep Vanmarck paraît lui, très fort ! Il y a aussi ceux de Paris – Nice, que je n’ai pas vus. Zdenek Stybar semble très bien… » Le danger peut donc venir de partout.
Mais Cancellara adresse un petit avertissement aux jeunes. « Cela fait quatorze ans que je fais ce sport. J’ai parlé avec Bettini la semaine passée qui m’a dit avoir arrêté après douze années professionnelles. Ça m’a fait bizarre, mais je ne me sens pas vieux. Pourtant je suis quand même devenu un vétéran des classiques. Et des fois quand je regarde les jeunes, ça me fait un peu drôle. Il y en a qui sont impressionnants, mais attention. Ils ont la fougue, mais il leur faut aussi la maturité. Regardez Michal Kwiatkowski sur Tirreno – Adriatico. Beaucoup de monde pensait qu’il allait gagner, et finalement il a souffert sur la longue et dure étape de dimanche. Dans deux ans, il sera sans doute vraiment très fort mais en attendant, il doit gagner en maturité. C’est aussi un challenge de voir ces jeunes arriver. C’est une source de motivation supplémentaire de me dire que je ne veux pas me laisser botter le cul par des jeunots. »
"Les moments difficiles m’ont fait revenir sur Terre"
L’expérience sera justement l’arme principale de Fabian Cancellara. « Les jeunes ne pensent souvent qu’à foncer. Quand on a vingt-cinq ans, on est forcément plus nerveux, plus submergé par la course. Quand je vois tout le chemin que j’ai parcouru depuis mon premier Paris – Roubaix, en 2006. J’ai réalisé que j’étais devenu un coureur de classique. Puis j’ai connu des moments difficiles… ça m’a permis de prendre du recul. Un recul qui me permet d’appréhender les choses différemment. Aujourd’hui, je me dis que c’est le travail. Je continue dans le monde professionnel, non pas juste pour l’amour de faire du vélo, mais parce que j’ai des ambitions. Mais les moments difficiles m’ont fait revenir sur Terre. Ce qui me permet de mieux réserver mes efforts pendant la course. »