ITW - Bryan Coquard : «Le Tour de France, l'objectif n°1»

Par Sébastien GOBBI le 22/06/2016 à 08:07

Photos : Sirotti

 

Vidéo - Route du Sud - Bryan Coquard : "Bien faire avant le Tour"

Avec treize succès au compteur depuis le début de la saison (ndlr : deux étapes sur l’Etoile de Bessèges, Route Adélie de Vitré, une étape du Circuit de la Sarthe,  trois étapes et le classement général des Quatre Jours de Dunkerque, deux étapes et le classement général des Boucles de la Mayenne, deux étapes de la Route du Sud), Bryan Coquard a pris une autre dimension dans le monde du sprint. Un peu plus d’une semaine avant le départ du 103e Tour de France, le sprinteur a accepté de se livrer à Cyclism’Actu. Le coureur de la formation Direct Energie confie notamment ses ambitions sur la Grande Boucle et revient sur son excellent début de saison.

 

Bryan Coquard, en six mois de courses vous avez déjà glané treize succès. C’est le début de saison idéal…

Effectivement, c’est un bon début de saison. Ma fracture de l’omoplate m’a tout de même embêté sur le début de saison puisqu’elle m’a fait loupé Paris-Nice. J’ai tout de même su être opérationnel sur toutes les courses où je me suis rendu. Il me manque une grosse victoire mais j’ai également terminé quatrième de l’Asmtel Gold Race et de la Flèche Brabançonne, je suis donc satisfait jusqu’ici.

 

Parmi votre succès, y en a t-il un avec une plus grande importance que d’autres ?

Toutes mes victoires sont belles mais le classement général des Quatre Jours de Dunkerque et des Boucles de la Mayenne sont un peu plus importants puisque ce sont des classements généraux.

 

Peut-on déjà dire que c’est la plus belle saison de votre jeune carrière ?

C’est assurément mon meilleur début de saison. Ensuite, pour savoir si c’est ma meilleure saison, il faudra attendre la fin du Tour de France. Je n’ai pour le moment pas encore gagner de grande course.

 

Comment expliquez-vous ces six premiers mois plein de réussites ?

imageC’est un tout. Chez Direct Energie, on a une équipe solide et soudée autour de moi. On a un collectif super fort. L’équipe est en pleine confiance. On ne cogite pas, on sait ce qu’on a à faire et on ne se prend pas la tête. Je pense aussi avoir passé un cap sur le vélo, je suis plus solide et plus fort que les années précédentes. Je m’éclate à fond et je me fais plaisir. Je parviens également à étendre mon panel puisque j’ai réussi à remporter un prologue et ca fait plaisir !

 

Vous êtes passé proche d’un grand succès en terminant en quatrième position de l’Amstel Gold Race en avril dernier. Avez-vous vécu cela comme une déception ?

Non pas du tout. L’Amstel Gold Race est une course très compliquée à remporter. C’est très dur de s’imposer sur ce genre de course où tout le gratin mondial se présente au départ. J’ai réussi à montrer que j’étais physiquement à la hauteur et capable de gagner de belles courses. C’est une satisfaction personnelle mais aussi pour l’équipe. J’espère dans l’avenir être en position de gagner ce genre de course et pouvoir le faire. J’ai pris mes premières marques sur cette course, maintenant si l’année prochaine je terminais dixième, je serais déçu. Il faut laisser le temps au temps, je suis encore jeune. Je reviendrais sur l’Amstel avec motivation

 

Dans près de dix jours, vous participez à votre troisième Tour de France. Quel sera votre objectif sur cette épreuve ?

imageJ’ai déjà fait deux beaux Tour de France en me rapprochant toujours un peu plus de la victoire. On arrive armés et on est prêt pour l’emporter sur la Grand Boucle. Je dis « on » puisque lorsque je gagne, c’est le collectif qui l’emporte. C’est l’objectif numéro un de ma saison et c’est normal pour un Français dans une équipe française. On a envie de très bien faire sur la plus grande course du monde. Toutes les étapes seront bonnes à prendre et certaines sont un peu plus dans mes cordes que d’autres. Avec l’équipe, on a déjà repéré les arrivées à Utah Beach et Cherbourg, et on ira dès demain (mercredi) repérer celles de Limoges et Angers. Potentiellement, il y a plusieurs sprints massifs, mais ce sont les coureurs qui font la course, on verra bien.

 

Le maillot vert est-il envisageable ?

Pour être honnête, ce n’est pas l’objectif dans l’immédiat. C’est un objectif à moyen terme. Pour le moment, je me rends bien compte qu’un coureur comme Peter Sagan, qui n’est pas la meilleur sprinteur du monde mais le meilleur coureur du monde, est capable d’aller chercher des points en moyenne montagne et même en haute montagne pour terminer en tête du classement par points, et cela malgré le changement de barème avantageant les sprinteurs. Je le jouerai tout de même à fond mais je ne peux pas dire que je vise ce maillot à Paris. Cela serait complètement absurde, je n’ai pas encore prouvé que je pouvais le gagner.

 

Après le Tour de France, est-il possible de vous voir aux Jeux Olympiques, notamment sur votre autre spécialité, la piste ?

imageIl est déjà assuré que je n’y serai pas puisqu’il y a qu’une place pour la France. Thomas Boudat, qui est aussi mon équipier chez Direct Energie est assuré d’y être puisqu’il est notamment champion du monde de l’omnium. Thomas est super fort et ambitionne le podium voir mieux. Il a basé sa saison sur les Jeux Olympiques et je serai son premier supporter. Il était impossible pour moi de préparer à la fois le Tour de France et les Jeux Olympiques. Bien sûr, cela me fera bizarre de ne pas y être, puisque j’y étais il y a quatre ans. À ce jour, c’est encore mon meilleur souvenir sur un vélo. C’est un super moment que j’ai pu vivre mais parfois il faut savoir faire des choix de saison et de carrière.

 

Quels seront vos objectifs à la sortie de cette 103e Grand Boucle ?

J’espère participer aux championnats du Monde. Je n’aimerais pas être à la place du sélectionneur Bernard Bourreau, puisqu’il devra choisir parmi les trois sprinteurs français. Cela sera sans doute un choix très compliqué. Mais pour le moment, je n’y pense pas du tout, je ne pense qu’au Tour de France.

 

Pensez-vous qu’il est possible de vous retrouver sur ces championnats du Monde à la fois avec Nacer Bouhanni et Arnaud Démare ?

Je pense qu’emmener trois sprinteurs serait une erreur. La cohabitation serait sans doute très compliquée entre nous trois puisque nous sommes trois gagneurs et on voudrait tous les trois gagner cette épreuve. À deux c’est jouable mais seul, le sélectionneur a la solution.

 

À seulement 24 ans, vous comptez déjà 28 succès. Sur quels points pensez-vous pouvoir encore progresser ?

On dit souvent qu’un cycliste arrive à maturité entre 26 et 28 ans. D’ici là, j’espère encore pouvoir progresser un peu partout. J’ai encore une grosse marge de progression.

 

Pour terminer, votre formation est privée de certaines grandes courses puisqu’elle ne fait pas partie de World Tour. N’y a t-il pas une envie de rejoindre l’élite mondiale dans ce but ?

Pour être honnête, je ne me pose pas la question. Je suis très bien dans mon équipe et j’ai encore un an et demi de contrat. Jean-René (Bernaudeau) m’avait promis certaines choses cet hiver et il a tenu parole. Il y a notamment eu un effort de recrutement avec l’arrivée d’Adrien Petit. Pour l’instant, ce n’est pas du tout dans mes projets. Ici, je gagne beaucoup de courses, et dans cette équipe nous sommes une bande de copains, très soudés.

Propos recueillis par Sébastien Gobbi pour Cyclism’Actu


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