Equipes 2015 - Orica, entre certitudes et renouvellement
Par Valentin GLO le 25/01/2015 à 18:52
Notamment grâce à son puncheur vedette Simon Gerrans, parfaitement épaulé par d'autres coureurs d'expériences comme Michael Albasini, l'équipe australienne Orica GreenEDGE est devenue une valeur sûre du peloton mondial ces dernières saisons. Mais ces deux leaders sont plus proches de la fin de leur carrière que du début, et les kangourous se doivent de trouver de nouveaux fers de lance pour rebondir rapidement. Ca tombe bien : Michael Matthews, les jumeaux Yates, et d'autres jeunes talents sont déjà là pour prendre la relève.
Gerrans, la chasse continue
La saison n'a pas commencé sous les meilleurs auspices pour Simon Gerrans, qui n'a pas pu défendre ses titres sur les championnats d'Australie et le Tour Down Under à cause d'une épaule en vrac. Pas de quoi démoraliser Gerro, déjà focalisé sur la semaine des Ardennaises, devenue ses premiers gros objectifs de la saison. Si le puncheur aussie a déjà mis la main sur Milan-Sanremo, Liège-Bastogne-Liège, Québec, Montréal, Plouay, le Down Under et au moins une étape sur chaque grand Tour, il peut, malgré ses 34 ans, continuer sa moisson. L'Amstel Gold Race, tout d'abord, qui est une course qui convient parfaitement à l'ancien pensionnaire du Crédit Agricole, surtout depuis le recul de la ligne d'arrivée peu après le sommet du Cauberg : Gerrans a terminé sur la dernière marche du podium de la classique néerlandaise à trois reprises lors de ces quatre dernières saisons (2011, 2013, 2014). La troisième classique de la semaine, La Flèche Wallonne, semble elle présenter un final un peu trop raide pour le leader d'Orica, même s'il a déjà terminé au 8e rang en 2009. Autre classique qu'il pourrait accrocher à son tableau de chasse : la Classique de Saint-Sébastien (2e en 2012). Sa régularité pourrait également permettre au 3e mondial de la saison écoulée, de grimper encore plus haut au classement UCI. Mais pour cela, il devra frapper fort ailleurs que sur les courses d'un jour. Mais pour couronner la carrière de ce tacticien, rien de mieux que le titre mondial à Richmond...
Matthews, sur les traces de Gerrans ?
Si Simon Gerrans a déjà 34 ans, OGE semble déjà avoir trouvé son successeur, son clone en la personne de Michael
Matthews. A 24 ans, Bling a encore beaucoup de choses à prouver, mais ses résultats ces dernières saisons confirment déjà une partie des espoirs fondés sur lui chez les jeunes (champion du monde sur route espoirs en 2010). En deux ans, l'Australien s'est ainsi adjugé pas moins de quatre étapes en grand Tour. Et s'il a profité d'un plateau de sprinters disparate sur le Tour d'Espagne 2013 pour rappeler qu'il pouvait faire son trou lors des emballages massifs, le natif de Canberra n'a sûrement pas la vitesse de pointe pour déposer un Marcel Kittel, un Andre Greipel ou un Mark Cavendish dans la dernière ligne droite. C'est ainsi plus vers un profil de puncheur que Matthews semble se diriger. Ses victoires d'étapes sur le Giro et la Vuelta en 2014 le confirment : il faut mettre une pièce sur lui quand le final est en côte. Son succès à Arcos de la Frontera devant des puncheurs comme Daniel Martin et Joaquim Rodriguez montre qu'il faudra prochainement compter sur le garçon lors des classiques. Sûrement sur les mêmes que son aîné : Milan-Sanremo, l'Amstel, Plouay, les classiques canadiennes voire Liège-Bastogne-Liège... Matthews a toutes les caractéristiques d'un Gerrans-bis. A lui de les confirmer pour se forger un palmarès semblable...
Les frères Yates : la nouvelle fratrie star ?
On avait les frères Schleck, désormais amputés d'un membre à la retraite, et bientôt les frères Yates ? Car si voir
une fratrie n'est pas si rare dans le cyclisme moderne (les Chavanel, Velits, Sagan), celle des jumeaux britannique semble celle qui peut suppléer les frangins luxembourgeois. Pour leur première année professionnelle, les deux frères ont impressionné, malgré le fait que leur talent soit (re)connu chez les jeunes. D'un point de vue comptable, Adam est celui qui a le plus capitalisé avec la victoire finale sur le Tour de Turquie (+ une étape) et sa 6e place au général du Dauphiné. Le coureur de 22 ans aurait également figuré dans les cinq premiers de la Clasica San Sebastian si une chute dans la dernière descente ne l'avait pas évincé du groupe de costauds (Valverde, Rodriguez, Nieve, Mollema) auquel il s'était accroché. Simon n'a pas encore eu le loisir de lever les bras, ce qui lui vaut d'ailleurs les moqueries de son frangin, mais a terminé 3e du championnat britannique sur route et s'est déjà fait les dents sur le Tour de France, prenant notamment l'échappée victorieuse de Blel Kadri. Car les deux jeunes hommes représentent l'avenir et le chaînon manquant d'Orica GreenEDGE : être capable d'un résultat au général d'un grand Tour. Pour l'instant, l'équipe australienne s'est ''contentée'' d'épreuves d'une semaine (Down Under avec Gerrans, Pologne avec Weening) et pour définitivement entrer dans la caste des très grandes équipes du plateau, des résultats sur trois semaines sont attendus. Il est bien sûr un peu tôt pour parler de podium pour Adam et Simon mais ils seront attentivement suivis en 2015 pour voir leur progression, eux qui ont également les caractéristiques pour briller sur les classiques. De nouveaux résultats sur les courses d'une semaine, voire des prémisses sur un des grands Tours, seraient une confirmation de leur talent.
Des prodiges attendus au tournant
Son entrée dans le monde professionnel a failli être gagnante : déjà en tant que stagiaire la saison dernière sur le
Tour de Pékin, Caleb Ewan avait pris la deuxième place de la 1ère étape du Tour de Pékin derrière Luka Mezgec et le petit prodige australien a remis ça en ce mois de janvier pour son premier contrat pro en étant seulement devancé par Heinrich Haussler sur les championnats d'Australie sur route, quelques jours après avoir survolé la Michelton Bay Classic (classement général et trois étapes). Bombe du sprint chez les jeunes, Ewan a donc déjà confirmé sa pointe de vitesse chez les pros, chose qu'il avait réalisé dès l'année dernière sur la People's Choice Classic conclue au troisième rang avec la tunique d'UniSA-Australia derrière Kittel et Greipel mais devant des habitués du World Tour. Malgré son manque d'expérience, Ewan est capable de frapper fort dès 2015 et de montrer au gratin du sprint mondial qu'il faudra très rapidement faire avec lui. Ce serait également une bonne chose pour son équipe dont les sprinters ont quelque peu perdus en efficacité ces derniers temps. Il sera également de voir comment le jeune homme de 20 ans va passer les bosses, lui qui ne s'en sortait pas trop mal dans ce domaine chez les espoirs. Autre jeune talent d'Orica GreenEDGE en 2015 : Magnus Cort Nielsen. Le Danois, suivi depuis plusieurs saisons par les grosses machines du World Tour, a choisi l'équipe aussie pour passer professionnel après avoir notamment écumé les routes du Tour de Danemark (trois étapes ces deux dernières saisons) avec Cult Energy. S'il est également considéré comme un puncheur-sprinter prometteur (décidément un style recherché chez OGE), Matthew White attend de lui qu'il brille sur tous les terrains, et notamment sur les classiques. Affaire à suivre.
