Dopage - Bilan du rapport de l'Agence Antidopage Danoise
Par Valentin GLO / Benoit LAURENTI le 24/06/2015 à 12:18
Vidéo - Tour de France 2014 - Etape 11 - Bjarne Riis
L'enquête de l'agence danoise antidopage qui a déjà forcé l'ancien coureur Nicki Sørensen a avoué s'être dopé "en début de carrière" continue de faire du bruit : CyclingNews révèle que le rapport a été publié. Bjarne Riis et la CSC y sont notamment cités.
"Le rapport dit que Riis, Johnny Weltz, -désormais directeur sportif chez Cannondale-Garmin ; Alex Pedersen et un certain nombre d'anciens cyclistes danois ont enfreint les règles antidopages", explique CyclingNews. Ce rapport mentionne également que le vainqueur du Tour de France 1996 était au courant de la relation entre Tyler Hamilton et le Dr Fuentes. Les 96 pages du rapport inclueraient de nombreuses autres révélations et détails concernant le dopage dans le peloton professionnel entre 1998 et 2015.
Johnny Weltz, pas si clean que ça ?
Souvenez-vous. En 2012 la biographie de Tyler Hamilton ("The Secret Race") jettait un pavé dans la mare et à l'époque, le nom de Johnny Weltz été apparu. L'occasion pour lui de marquer ses distances avec Bjarne Riis et nier quelconque implication en matière de dopage. Il déclarait alors : "les personnes avec qui circulait Bjarne Riis à l'époque n'étaient pas mon genre de toute façon. Je n'aimais pas les personnes autour de lui, j'avais des relations distantes". Le livre de Tyler Hamilton dénonçait aussi la circulation de seringues et d'ampoules estampillées "EPO" entre Weltz et Hincapie en 1997. Accusations graves réfutées par Weltz, qui déclarait alors "c'est incroyable. Que devrais-je dire ? C'est absurde."
La présomption d'innocence était de mise et Johnny Weltz a continué son travail aux côtés de Jonathan Vaughters dans les différentes équipes ayant mené à l'actuelle Garmin-Cannondale. Divers facteurs jouant en sa faveur, notamment le fait qu'il se soit fait mettre sur la touche par Lance Armstrong à son retour post-cancer et par Bjarne Riis en 2005.
Seulement, le rapport de l'Agence Danoise Antidopage décrit des faits bien contradictoires des propos tenus par Weltz. Les différents coureurs interrogés ont révélé que Weltz avait fourni des produits dopants. Weltz a par ailleurs déclaré au groupe d'étude de l'agence qu'il avait été impliqué dans l'approvisionnement d'EPO et hormones de croissances depuis une pharmacie d'Andorre en 2000. Il a aussi déclaré avoir reçu de la pression des personnes importantes de son équipe (qui n'incluait pas encore Riis) pour fournir des produits à ses coureurs.
La vie du peloton : rumeurs, préconisations
Des coureurs sous couverture anonyme ont aussi eu leurs mots à dire. On y apprend par exemple que certains coureurs feraient usage de petits doses de dopage sanguin et utiliseraient l'argument de l'entraînement en altitude pour expliquer les variations sanguines légères de leurs bio-passeport. D'autres citations viennent pimenter ce rapport, au regard de la vie actuelle dans le peloton : "notre équipe ne veut pas que des coureurs espagnols nous rejoignent".
Dans son rapport, l'agence préconise les contrôles anti dopage de nuit et adapter l'attribution des licences en fonction des directeurs sportifs mais aussi, des docteurs ! Des réformes qui feraient progresser la lutte anti dopage et éviter de mettre sur le côté les brebis galeuses.
Alberto Contador et Vincenzo Nibali indirectement touchés
Leurs noms n'ont jamais été cité. Cependant, les deux coureurs peuvent se sentir concernés. Pour l'espagnol, c'est son équipe de 2007, la Discovery Channel qui est mise en cause. Le rapport de l'agence montre que Bjarne Riis était au courant des pratiques dopantes chez Discovery Channel en 2007 grâce à Ivan Basso, présent dans l'équipe jusqu'en avril cette année là. Contador gagnait en 2007 son premier Tour de France et Paris-Nice.
Quant à Nibali, c'est un des docteurs de son équipe qui est impliqué. Pas de quoi l'inquiéter pour autant, mais les plus pessimistes n'hésiteront pas à souligner la présence de Joost de Maeseneer dans le staff d'Astana. Qui est ce docteur ? Joost de Measeneer était le docteur d'équipe chez CSC, et le rapport de l'agence antidopage danoise le dit clairement. Les docteurs d'alors le savaient mais y contribuaient aussi : on se dopait chez CSC.
L'ensemble des pièces de ce dossier enfonce une porte ouverte, tant de révélations ont abouti au néant. Une fois encore, la prescription est de mise et sauve l'affaire de beaucoup de personnes. Suite au prochain rapport.