Chronique - Moncoutié : «Une Vuelta qui promet !»

 

Vidéo - Vidéo - Teaser La Vuelta 2014 Full HD

Le Tour d'Espagne, communément appelé La Vuelta, débute ce samedi. Dans ces conditions, difficile de ne pas se rapprocher de notre Chroniqueur David Moncoutié, le quadruple meilleur grimpeur de La Vuelta qui couvrira ce Tour d'Espagne en tant que commentateur pour Eurosport. Avec son plateau d'une qualité extraordinaire et ses étapes dessinées pour donner un maximum de spectacle, cette Vuelta risque d'être un des moments phares de la saison. David Moncoutié livre en exclusivité pour Cyclism'actu son point de vue sur le troisième grand Tour de la saison. C'est l'heure de la Chronique Moncoutié ! 

 

La Vuelta, le plus beau plateau des trois grands Tours

 

On ne va pas se mentir, la Vuelta qui se profile aura l'un, si ce n'est le plus beau plateau jamais vu pour elle. Si les éditions passées ont petit à petit augmenté en qualité, l'édition 2014 possède le plus beau plateau des trois grands Tours de la saison. Bien sûr, la réalité du papier n'est pas celle du terrain et les coureurs n'arrivent pas tous avec les mêmes ambitions ni le même état de fraîcheur. Mais ils sont là. C'est simple, cette Vuelta réunira l'intégralité du podium du Giro 2014 mais aussi d'anciens vainqueurs comme Horner ou Valverde, sans oublier Pinot, qui vient de monter sur le podium du Tour. Avec cette première semaine assez ouverte, il ne faut pas non plus oublier la présence d'excellents sprinters malgré l'absence de Cavendish et Kittel puisque nous retrouverons Degenkolb, multiple vainqueur d'étape ici, mais aussi Nacer Bouhanni qui a remporté le maillot rouge sur les routes du Giro.

La Vuelta est vraiment bien placée. Son rôle de "course de rattrapage" permet aux coureurs ayant eu des problèmes en juillet sur les routes du Tour de tenter leurs chances comme c'est le cas de Froome ou Contador, mais elle est aussi un objectif à part entière puisque des coureurs comme Quintana ou Uran ont programmé leur saison sur le doublé Giro-Vuelta. Et puis son tracé, avec des étapes un peu plus courtes et une tension moins importante en fait une parfaite préparation pour le Mondial.

 

Une première semaine intéressante

 

Si l'on parle beaucoup des grimpeurs, on a tendance à oublier les sprinteurs. Et pourtant, la première semaine est très intéressante pour eux. L'absence conjuguée de Kittel et Cavendish laisse entrevoir de plus grandes chances de victoires. Et à ce petit jeu, je verrais bien Nacer Bouhanni tirer son épingle. Même si certaines arrivées sont accidentées, il y aura forcément des sprints. L'autre éventail risque d'être Sagan, car ces arrivées un poil plus escarpées risquent de mieux lui convenir. Il aura aussi à coeur de se faire justice après être revenu bredouille du Tour de France. Il a déjà levé les bras en Espagne, c'est un client sérieux bien évidemment. 

 

Difficile de pronostiquer !

 

Beaucoup de coureurs du classement général seront présents avec des formes différentes. Si j'avais un choix à faire, je miserais sur Nairo Quintana. il arrive avec un statut de vainqueur du Tour d'Italie et aura pour l'épauler le quatrième du Tour, Valverde. Il est vraiment préparé pour cette Vuelta et sa récente victoire au Tour de Burgos l'atteste. Reste à savoir s'il n'aura pas lâché dans la tête et si la fraîcheur physique sera toujours là au bout de trois semaines car le scénario de 2013 avec la victoire de Chris Horner est dans tous les esprits. 

Ensuite, impossible de ne pas parler de Chris Froome. Revenu de blessure, il a connu une saison vraiment particulière faite de hauts et de bas, avec un été pas idéal du tout avec ses chutes. Difficile dans ces conditions de savoir quelle sera sa forme sur cette Vuelta. C'est un mystère. Rodriguez risque aussi d'être à son avantage. Sa saison a été tronquée par les chutes et il semble enfin épargné. Le parcours lui convient parfaitement avec ces montées sèches et le peu de kilomètres de contre-la-montre présents sur cette Vuelta. Enfin, comment ne pas citer le cas Contador qui sera présent au départ samedi alors que tout laissait penser le contraire. C'est un homme qu'il ne faut jamais sous-estimer. Tant qu'il ne sera pas à plus de dix minutes au général, il restera dangereux. Contador, il ne vient jamais pour faire de la patinette. Quand il prend le départ d'une course de l'envergure de la Vuelta, c'est pour jouer les premiers rôles, par tous les moyens. Souvenez-vous son baroud d'honneur lors de l'étape de Fuente Dé en 2012, c'est avec de l'audace qu'il avait remporté cette Vuelta. 

 

Des coureurs axés sur les championnats du monde

 

La Vuelta, c'est aussi une préparation idéale pour les championnats du monde. Les chiffres parlent d'eux-même. Par le passé, il était parfois nécessaire d'abandonner la Vuelta pour optimiser sa préparation et garder de la fraîcheur. Avec des étapes plus courtes, moins nerveuses et la course en ligne du mondial qui se déroulera deux semaines plus tard, il est désormais possible de jouer sur les deux tableaux. Pour preuve, l'an dernier, Purito, Nibali et Valverde se bagarraient à l'avant sur les arrivées au sommet de la Vuelta et nous les avons retrouvés dans le final du championnat du monde quand même ! Un coureur comme Sagan pour par exemple batailler à fond en première semaine pour lever les bras puis gérer ses débauches d'effort ensuite. La Vuelta est devenue un passage quasi obligatoire. Les pros préfèrent le plus souvent accumuler les jours de courses plutôt que de s'entraîner seuls chez eux. Ce n'est vraiment pas la même chose.

 

Barguil et Pinot, têtes d'affiches françaises en montagne

 

La France pousse et continue de pousser. Je n'exclue pas de voir les deux jeunes Pinot et Barguil présents dans le top 10. Ils arrivent ici dans avec des optiques différentes. Pinot sort d'un Tour magique où il finit sur le podium vêtu de blanc (synonyme de meilleur jeune), dans ces conditions, le reste n'est que du bonus. Il va courir une "Vuelta plaisir" en essayant sans doute de lever les bras, chose qu'il n'a pas faite en juillet sur le Tour. Les jours passant, il sera peut-être en mesure de rentrer dans le top 10, mais ce n'est pas obligatoire pour lui je pense. Warren Barguil arrive avec l'ambition d'un top 15. Il sera au moins au même niveau que l'an dernier. Il était déjà à son avantage sur le Tour de Pologne récemment et la meilleure option reste de jouer le général dans un premier temps puis d'aviser ensuite. Il est capable de faire une belle performance !

 

Quelques mystères seront au départ

 

Le plateau attire l'oeil tant il brille avec ses stars du peloton, mais on peut aussi cerner quelques "ovni" dont on ne sait pas trop ce dont ils seront capables. Le principal mystère, c'est celui qui aura été le fil rouge de la saison 2014, Carlos Betancur. Même s'il est inscrit par Ag2r la Mondiale sur cette épreuve, je ne crois pas beaucoup en lui. Il a eu trop de problèmes, avec son équipe notamment. C'est d'ailleurs paradoxal qu'ils l'aient engagé sur la course. Il ne faut cependant pas oublier qu'il a une classe non-négligeable et qu'il faudra se méfier. Nous serons vite fixés, je pense. Autre cas particulier, Chris Horner. On aurait presque tendance à oublier que c'est lui, le vainqueur sortant. Il vient de réaliser un top 20 sur le Tour et il ne faut pas l'exclure. Enfin, le cas Robert Gesink. Atteint d'une anomalie cardiaque et passé sur le billard, le coureur de la Belkin sera tout de même présent. Ce n'est pas sa course de reprise et ses performances en Pologne ont été bonnes. Ce bon retour est un bon signe. S'il a eu le feu vert de son staff et du corps médical, il n'y a pas de raison pour qu'il ne soit pas au rendez-vous. Sa saison allégée pourrait même s'avérer être un atout. Noyé dans cette foule de leaders, sa fraîcheur pourrait être un atout de premier ordre.