Chronique - Guimard : «Un Top 10 pour Warren Barguil»
Par Valentin GLO le 14/07/2015 à 10:44
Vidéo - La chronique Guimard sur ce Tour de France 2015
C'était jour de repos ce lundi sur le Tour de France, l'occasion pour nous de dresser un premier bilan avec notre chroniqueur Cyrille Guimard comme il l'avait fait à l'occasion du Tour d'Italie. Pour Cyclism'Actu, "le Druide" livre son analyse sur les neuf premiers jours de course : la domination de Christopher Froome et son équipe Sky, les chances des rivaux du Britannique ou encore la première semaine décevante des coureurs français.
La gestion de course parfaite de Sky
La Sky sur ce début de Tour est l'équipe qui a été la plus intelligente dans sa gestion de course, ils ont été présents et bien placés lors des moments-clés. Cela leur a permis de ne pas se faire piéger et d'arriver bien placé au pied de la montagne avec le maillot jaune d'une part mais également sans avoir de blessé ni de coureur pris dans les chutes. Ce n'est jamais par hasard qu'on arrive à passer à travers les ennuis. Dans le contre-la-montre par équipes, ils ont été l'égal de la BMC. Ils se seraient même imposés si Nicolas Roche n'avait pas eu du mal dans la côte de Cadoudal. La Sky a donc été la meilleure équipe sur le plan de la stratégie et du positionnement depuis le départ. Aucun blessé, aucun malade. Même s'ils couchent dans les hôtels, contrairement en Italie (rires). Aujourd'hui, l'équipe patronne et le coureur patron à la fin de ce premier acte ce sont eux et Froome. Donc avantage Froome, avantage Sky.
Valverde-Quintana : duo de choc ?
Incontestablement, c'est la Movistar qui a la plus de chance de les renverser. Ils ont eux aussi fait une démonstration dans le contre-la-montre malgré une grosse faute de cohésion qui, à mon avis, leur a coûté la victoire. Ils ont deux atouts à ne pas négliger : Valverde et Quintana. Valverde, qui essaye de gagner le Tour depuis plusieurs années, n'a jamais été aussi bien placé avec un épouvantail colombien à ses côtés. Certes, ils sont à deux minutes. Mais quand Froome va se retrouver en position délicate dans la course, ils pourraient bénéficier de ce surnombre. Quintana reste à mes yeux le grimpeur le plus sûr des favoris de ce Tour. N'oublions pas non plus qu'il est bien plus jeune que tous les autres favoris en dehors de Van Garderen. Il est le seul autre favori avec Froome et possède en outre une équipe aussi forte, voire plus.
Vincenzo Nibali hors du coup
Nibali est un peu hors du coup. Il ne lâchera jamais les cinq (Froome, Contador, Quintana, Valverde, Van Garderen). Il peut en lâcher deux un jour, deux autres le lendemain, mais il en restera toujours un. Seul Quintana peut réaliser de vraies différences. Nibali est moins bien que l'an dernier, comme son équipe Astana. Le chrono par équipes est révélateur de la puissance collective. Ils sont en deçà de ce qu'ils ont montré sur le Tour d'Italie par exemple. Mais le Tour d'Espagne et le Giro ne sont pas le Tour de France...
Contador trop juste en troisième semaine
Contador n'a jamais bien terminé le Tour. Avant il lâchait tout le monde en montagne, creusait des écarts en chrono avant de perdre une à deux minutes par ascension de col. Ce qui nous amène d'ailleurs un certain nombre d'entre nous à se poser des questions. Il a toujours été en difficulté en dernière semaine sur le Tour. Il ne peut pas être plus fort qu'il y a 7 ou 8 ans. Je ne vois pas comment, d'un seul coup, il serait impérial et volerait au dessus de tout le monde.
Van Garderen n'a jamais lâché personne
Pour Tejay Van Garderen, ce que dit Froome ce n'est que du marketing. Il faut changer d'adversaire tous les jours. La réalité est sur le terrain. Jusqu'à preuve du contraire, Van Garderen n'a encore jamais lâché quelqu'un dans un grand col. Il a devancé Froome à Pra-Loup, mais c'était sur le Dauphiné. En cinq ans, il a dominé qui en haute montagne ? Il a un problème : c'est son rapport poids-puissance. Là où les autres sont encore un peu économiques, lui ne l'est plus. Il ne prend aucun changement de rythme. Il grimpe les cols comme s'il faisait un chrono, comme un métronome. Entre prendre son rythme pour revenir et creuser des écarts avec ses adversaires, c'est deux films différents.
Les Français : Top 10 pour Barguil, une étape pour les autres
En dehors de Vuillermoz et de Barguil, qui n'étaient pas présentés comme les deux fers de lance du cyclisme français ; en dehors de ces deux belles satisfactions, le premier acte des Français est raté. Que ce soit pour les prétendants au top 5 (Péraud, Bardet, Pinot) que pour les sprinters (Bouhanni, Coquard, Démare). Même si Nacer Bouhanni a abandonné sur chute, avec trois des meilleurs sprinters du monde il y a seulement une place de troisième sur les sprints massifs (Bryan Coquard au Havre). Il ne leur reste quasiment plus que les Champs-Elysées... Avec les grimpeurs hors du coup pour le podium, on ne peut pas se réjouir de la première semaine des Français.
Les Français doivent faire le bilan, se remettre en cause et redéfinir des objectifs. Des objectifs qui vont leur permettre d'exister et de peser sur la course à un niveau ou un autre. Les grimpeurs peuvent désormais partir à l'abordage. Je vois mal Froome sonner la charge derrière Pierre Rolland ou Thibaut Pinot. Les objectifs ce sont donc victoire d'étape et le classement de la montagne pour celui qui aura la chance de faire un raid. Le seul qui peut encore espérer quelque chose au général c'est Warren Barguil qui terminera dans les dix premiers s'il gère bien sa course.