Chronique - Guimard : «Personne ne misait sur Evans»

Par Antoine BARTHÉLÉMY le 19/05/2014 à 18:32

Chronique - Guimard : «Personne ne misait sur Evans»
Photos : Sirotti

 

Après David Moncoutié, c'est au tour de notre autre chroniqueur, Cyrille Guimard, de vous exposer sa vision du vélo et plus particulièrement du Tour d'Italie qui se déroule depuis le 9 mai dernier. Le "Druide" entretient toujours sa forme. Après 80 kilomètres de vélo de bon matin, il se livre dans sa Chronique devenue incontournable. Il sera bien évidemment question des premières étapes du Giro en passant par un petit coup de gueule suite aux réactions qui ont entouré cette fameuse étape de Montecassino, avant de revenir sur la course et notamment sur les Français qui ont brillé, à l'image de Nacer Bouhanni. Place à la Chronique Guimard.

 

"Assez bizarre comme course"

 

imageAprès une semaine de course, il ne s'est pas passé grand-chose à la pédale. C'est-à-dire que l'on était parti sur un match entre Nairo Quintana et Joaquin Rodriguez. Cet axe a très vite explosé suite à des événements de course. Ça fait partie des choses qui existent dans le vélo qui font qu'aujourd'hui on a quand même un certain nombre de surprises ou du moins une surprise : on se retrouve avec un favori qui est maillot rose et qui, de surcroît, a déjà gagné le Tour de France. Et que derrière, derrière... il y a un peu de mal à trouver de vrais adversaires. On a le sentiment que ce Tour d'Italie réserve quelques surprises. Si je reprends le classement, on a Evans, Uran, Majka, Pozzovivo qui se replace hier, Morabito qui à mon avis est mieux que Cadel Evans actuellement, Aru, puis Kelderman et Quintana. Derrière, c'est fini. Et Quintana est déjà à 1 minute 45. C'est vrai qu'à la pédale c'est quand même lui qui reste le favori. Mais rien ne se passe comme il l'avait prévu. Les autres ne sont plus dans l'allure. Hesjedal, Roche qui a perdu du temps... C'est assez bizarre comme course.

 

"Les victimes crient au scandale"

 

imageEvans à Montecassino ? Ce genre de polémique par rapport à ce type de situation dans 30 ans, vous l'aurez encore. Et ce, pour une raison très simple : ceux qui sont les victimes crient au scandale sauf que quand ils sont à la place de ceux qui en bénéficient, ils ne crient plus au scandale. Et que d'autre part, il n'y a pas qu'Evans qui a roulé puisqu'Orica GreenEDGE aussi. Comment voulez-vous faire pour arrêter une course à 10 kilomètres de l'arrivée ? A 70-80 kilomètres de l'arrivée, là, d'accord, tout le monde peut lever le pied. Mais pas dans les 20 derniers kilomètres, ça n'a jamais existé. Ça a commencé avec l'affaire Contador-Schleck. Il n'y avait aucun événement qui pouvait faire que l'on puisse remettre en cause l'accélération de Contador puisqu'elle ne venait pas de Contador mais bien de Schleck. Et ce n'était pas une chute mais un saut de chaîne. Mais un saut de chaîne c'est lié à qui ? A une faute du coureur, pas une faute de quelqu'un d'autre. S'il attaque et que Contador a un saut de chaîne, il se relève ? Alors il faut arrêter de prêter le fond à ce genre de chose. La course est partie, elle est partie. Cadel Evans a déjà eu quelques gamelles, je ne me souviens pas qu'on l'ait attendu. S'il faut attendre à chaque fois qu'il y a une chute, les étapes de 200 kilomètres vont se courir en trois jours ! Quand les équipiers tombent, on s'arrête ? Quand il n'y a pas de leader dedans pas de problème on continue de rouler ! Je trouve qu'il y a beaucoup de malhonnêteté et d'hypocrisie dans ce genre de situation. Au contre-la-montre par équipes, ils ont annulé le classement lorsque les Garmin sont allés au sol ? Faut être honnête. Il y en a quatre qui tombent dont un des leaders. Je n'ai pas entendu un leader dire : "Il faudrait remettre les compteurs à zéro parce que les Garmin sont tombés".

 

Les Français ? "On va s'en réjouir"

 

imageOn sait que les Français sont, au fil des années, un peu plus présents. On est beaucoup plus présents qu'on ne l'était il y a quatre ou cinq ans et on l'est surtout, la plupart du temps, avec des coureurs qui ont encore une marge de progression. On ne refera pas l'Histoire, les Français n'ont pas la culture des classiques. On les voit souvent arriver après les classiques. Aujourd'hui, on ne va quand même pas se plaindre la France est, avec l'Allemagne, le pays le plus riche en sprinteurs. Mais ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu trois sprinteurs capables de rivaliser avec les meilleurs. En plus, ils ont entre 21 et 23 ans. C'est absolument extraordinaire. Bouhanni aurait dû exploser déjà l'an dernier. Sur le Tour de France il chute sur la première étape. Puis une autre encore après où il tape dur. Qui vous dit qu'il n'aurait pas gagné deux étapes sur le Tour de France l'an passé ? Donc qu'il gagne sur le Tour d'Italie, ça fait partie des choses logiques et on va s'en réjouir. Puis on a Coquard et Démare sur d'autres fronts qui cartonnent. Ceci dit, sur le Tour d'Italie, concernant le général, on ne sera pas dans l'allure. Rolland pour un Top 10, oui. Il est déjà douzième. Mais avec le contre-la-montre, il va se retrouver à six minutes. Après, quand je parle de jouer le classement général, c'est le podium. Il ne faut pas se raconter d'histoires. Le classement se fera entre Evans, Majka, Pozzovivo, Quintana... ça ne se fait pas avec les Français. Si Rolland voulait faire un podium, jamais il ne partirait à 30 kilomètres de l'arrivée. Les autres ne craignent pas Rolland au niveau du classement général donc il a pu prendre de l'avance. Mais derrière, on s'est battu pour l'étape. Les coureurs ne sont pas idiots. S'ils laissent partir Rolland c'est qu'il ne représente pas de danger pour eux. Alors je vais surement m'attirer les foudres et on va me dire que je n'aime pas Rolland, non. Je regarde les choses de façon objective.

 

"Cadel Evans n'est pas l'assurance tous risques"

 

imageOn sait qu'il est en bonne condition. Au niveau du mental, ça doit y être. Il est nerveux donc c'est bon signe. Je lui souhaite de tenir avec le métier et sa capacité à gérer, son expérience... Mais ce n'est pas l'assurance tous risques. Il a quand même Quintana qui est à moins de deux minutes. Evans va sûrement lui prendre du temps sur le contre-la-montre. C'est très ouvert. Mais un avantage à Quintana qui a progressé au contre-la-montre. Même s'il perd une minute, ça le place à environ trois minutes au général et quand on voit les étapes qu'il y a derrière, j'ai presque envie de dire que c'est beaucoup mais peu à la fois. Tout se fera dans les dernières montées. Mais qui ? Quand vous êtes huitième du général et que vous attaquez, il y a le premier qui roule, puis le deuxième, le troisième et ainsi de suite. Toutes les équipes devant le coureur en question mettent en route. On ne perd pas une place de cinquième ou de quatrième. Et après, il n'y a plus grand monde. S'il doit y avoir des mouvements de Cunego par exemple, ça sera uniquement pour l'étape. Sur un Grand Tour rien ne se soustrait, tout s'additionne. Donc, pour le général, il faut s'arrêter à ceux qui sont à moins de deux minutes.

 

Un Tour d'Italie encore "indécis"

 

imageOn n'a pas véritablement eu d'ascensions difficiles pour le moment. Avec quelques fois de nombreux kilomètres avant ou une course plus ou moins arrêtée. Si on n'a pas les chutes, actuellement, tout le monde serait dans le chrono d'Evans. Imaginons qu'il n'y ait pas la grosse chute à Montecassino : on en serait pratiquement, j'ai bien dit pratiquement, aux écarts du contre-la-montre par équipes. Ce sont les chutes qui ont défini la hiérarchie qui est au final presque logique. Avec Evans qui devient finalement l'intrus dans ce Tour d'Italie. Personne ne le voyait forcément à ce niveau-là même s'il marche bien depuis le début de l'année. Il est présent et actif dans les classements. Même si comme j'ai dit, ce n'est pas l'assurance tous risques.

Sinon, le Tour d'Italie reste indécis. On est sur une course qui, à mon avis, offre plus d'intérêt que le Tour de France en termes de parcours. Je trouve que le Tour d'Italie et le Tour d'Espagne offrent des parcours plus équilibrés et plus difficiles que le Tour de France. Et on a plus de course sur ces épreuves que sur le Tour. On voit des échappées qui partent avec une dizaine de coureurs et qui vont au bout. En France, c'est trois coureurs, point. Il faut révolutionner le vélo. On a hérité d'un système mis en place par les anciens directeurs de l'UCI. Mais c'est un autre débat...

 

Propos recueillis par Antoine BARTHÉLÉMY.

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