ITW - Quand Guimard dénonce les méthodes de Lappartient

Par Valentin GLO le 02/01/2015 à 12:02

Photo : Cyclism'Actu

 

Vidéo - Tour de France 2014 - Cyrille Guimard et sa chronique

Petit séisme à venir dans le cyclisme français ? Toujours est-il que Cyrille Guimard, dit "Le Druide" que l'on ne présente plus, a démissionné il y a quelques jours, à la fin de l'année 2014, du conseil fédéral de la Fédération Français de Cyclisme. Il a depuis évoqué le sujet et ses raisons auprès des médias tels que les journaux Ouest France ou Le Parisien.

Sauf que Cyrille Guimard, également chroniqueur sur Cyclism'Actu, n'avait pas encore tout dit. "Si je dois tout déballer et j'en ai des pages, il y en a pour un moment, nous confiait Cyrille Guimard. Je ne suis pas aigri. Je n'ai pas de haine ni de rancoeur contre quiconque mais il est important que tout le monde sache tout de même ce qu'il se passe dans cette instance fédérale qu'est la fédération française de cyclisme (FFC)." Bref, Cyrille Guimard est donc revenu, pour Cyclism'Actu, sur sa démission de la FFC et nous a révélé quelques éléments qu'il n'avait jusque-là pas encore abordé. Entretien.

 

Cyrille, les raisons de votre démission, vous les avez déjà expliqué dans les colonnes de Ouest France et Le Parisien. Vous nous les rappelez car vous n'avez pas tout dit ?

imageOui, en effet et si on veut. La raison est simple. A partir du moment où on vous laisse dans votre coin, où on vous méprise, où on ne vous pose jamais de questions, où on ne vous donne jamais de missions à faire et que, d'un autre côté tout est fait pour que le secteur professionnel n'ait aucune incidence, ni initiative, sur le plan fédéral, il y a un moment vous vous dîtes : "Il vaut mieux que j'aille faire autre chose". C'est dommage car il y avait une opportunité et la possibilité de faire travailler ensemble et le secteur pro et la fédération dans son ensemble. Mais ça, la Fédération ne l'a jamais voulu. Cela va même plus loin que ça. Il y a trois ans de ça, le président (ndlr : David Lappartient) a fait une conférence de presse pour annoncer qu'il voulait faire une grande équipe pro-fédérale. Mais le secteur pro n'a jamais été consulté pour ça. Alors que c'est quand même un projet pro. Et donc, on a appris le projet du président quand il a fait sa conférence de presse. Cela communique pour parler de la pluie et du beau temps. Mais pour travailler ensemble, non.

D'un seul coup vous avez un projet qui sort et c'est là qu'on découvre que le président a un projet. Quand on creuse un petit peu, on s'aperçoit que seulement ASO a été prévenu la veille ou l'avant-veille. Cela veut dire qu'il n'y avait qu'ASO qui était au courant ! Rendez-vous compte, même dans le bureau exécutif où je siégeais, on n'était pas au courant. C'est-à-dire que le président Lappartient fait ses trucs tout seul en disant : "C'est moi, ce n'est pas le secteur pro, le secteur pro c'est moi".

imageEt là, une nouvelle fois, le président Lappartient méprise la Ligue. Il méprise le secteur pro, le président de la Ligue, les représentants de la Ligue et la Fédération. D'autant que son projet en tant que tel, pourquoi pas. On n'est jamais contre un projet, bien au contraire. Il vaut mieux en avoir des projets ! Mais moi, étant à la Fédération, s'il nous en avait parlé, s'il m'en avait parlé, parce que s'il m'en parle, j'en parle automatiquement à mon président de Ligue, à la limite on pouvait nourrir son projet. On pouvait lui dire ce qu'il était possible de faire ou non. Bref, être impliqué en somme. Mais non, surtout pas ! Il fallait que ce soit son projet personnel et à lui. Donc personne n'était au courant, on a appris ça lors de la conférence de presse. Et on passe pour quoi nous, là ? Les pros, la Ligue, le syndicat des coureurs, franchement, on passe pour quoi ?

 

Ce genre de situation s'est produite souvent de la part du président Lappartient ?

imageSystématiquement ! Puisque le secteur pro n'est jamais abordé. Il n'a jamais eu une question concernant le cyclisme. D'un autre côté, sur un autre plan, on ne sait toujours pas pourquoi Florian Rousseau a été éjecté, on n'a jamais été consulté non plus pour aller chercher un entraîneur des pistards et on ne saît pas pourquoi il a été viré non plus.

C'est même pire que ça, à un moment, après la deuxième élection, le responsable de la commission piste ne se représente pas et le président Lappartient se nomme président de la commission piste. C'est-à-dire qu'il sera le président de toutes les commissions. Sauf qu'il gouverne tout seul. Il y a deux-trois personnes qui sont concernées dans les débats mais ce n'est jamais en réunion, c'est toujours en dehors des réunions. Lappartient dirige tout, tout seul. Mon problème c'est qu'il y a un secteur professionnel qui est bouté en touche.

 

"Je ne suis pas le premier à démissionner"

 

imageA tel point, et c'est extraordinaire, qu'au niveau de la Ligue on n'a pas voulu aller à Saint-Quentin-en-Yvelines lors du déménagement de la Fédération. On nous avait proposé de mettre notre siège là-bas, mais on a dit non. Car il y avait d'énormes clashs, entre autres avec Xavier Jan, qui a fini par démissionner lui aussi. Il faut souligner qu'il a été littéralement agressé dans toutes les réunions parce qu'il n'était pas d'accord sur un certains nombre de choses.

Vous voyez, je ne suis pas le premier à démissionner. Xavier Jan, qui était au conseil de l'administration est parti. Parce qu'on ne peut pas être en opposition avec Lappartient. Il y a des problèmes énormes de licenciements et on n'est jamais informé de quoique soit. Mais on arrive sur quelque chose qui peut faire l'objet de quelque chose de beaucoup plus grave que ça. Car il y a des gens qui ont été accusés de harcèlement. Je n'en sais pas assez, mais je sais qu'il y a des choses qui se sont passées. Il y a un moment tu ne peux pas rester dans ce climat. Mais il faut que toutes les langues se délient.

 

Selon vous, comment faire bouger les choses car en démissionnant vous baissez les bras ?

imageEn fait, j'ai bien peur que ce ne soit plus possible de faire bouger les choses ! Vous ne pouvez rien changer. Il faudrait que pendant une élection, il y ait 60% de changement. Ce n'est pas possible ! Le système électoral est fait de telle sorte que ce n'est pas possible. Par exemple, quand je me suis présenté il y a six ans, quand on faisait les sondages, j'étais largement en tête et j'ai failli ne pas passer ! Il y a quand même des clans, il ne faut pas se leurrer. Je pensais que les choses allaient changer sur un plan électoral mais maintenant ce sont des listes. Mais qui va être accepté sur une liste ? C'est quand même extraordinaire ! Il n'y a pas quelqu'un, il n'y a pas un membre du secteur professionnel dans le bureau exécutif ! Pas un ! Il y a seulement deux représentants au comité fédéral qui, sur un plan purement sportif, ne servent à rien ! Et ils se réunissent trois fois par an. Et s'il y a des dossiers, ça se passe direct entre les présidents. Vous ne pouvez rien changer, la machine elle est en place. Ce n'est même pas la peine d'y penser. Même en rêve."

 

C'est l'ensemble de l'organigramme de la FFC qui est à revoir ? Voire son Président ?

imageOui. Même dans le bureau exécutif, qui a tous les pouvoirs, vous ne savez pas ce qu'il se passe. On ne m'a jamais posé une question ! La Ligue va voter des choses qui faut faire entériner par le bureau exécutif, mais le bureau exécutif ne les entérine pas. Il refuse. Ne serait-ce qu'au niveau d'un sujet qui me concerne particulièrement : au moment où on redonne les titres ou les victoires à ceux qui ont été victimes de coureurs dopés devant eux, donc après l'affaire Armstrong, à la Ligue on a demancé à ce que je puisse récupérer mes titres de champion de France de 1970 et 1971. Cela a été niet. Ils ont refusé. Alors que le président de la FFC demande à récupérer les titres et les prix de Lance Armstrong, mais aussi au moment où on déclasse Contador et qu'on donne la victoire du Tour de France à Andy Schleck, la Fédération refuse de donner à Guimard ses deux titres de champion de France de 70 et 71 où le premier a été déclassé pour dopage en 70, et en 71 les deux premiers étaient déclassés pour dopage. On a refusé. Alors que pour la Ligue c'était une formalité.

 

"La Ligue n'a en fait aucun pouvoir"

 

imageAujourd'hui, la question se pose : est-ce que la Ligue doit continuer à exister ? Puisqu'elle n'a aucun pouvoir ! Elle est censée gérer l'ensemble du secteur professionnel. Mais en fait on ne fait que de l'administratif. Car on va essayer de gérer des problèmes d'équipes ou des problèmes de coureurs ou des problèmes d'organisateurs. Mais sur la politique sportive, on n'a aucun pouvoir ! Sur la politique de communication, on n'a aucun pouvoir ! Je n'ai jamais entendu parler de communication à la Fédération !

Je vais vous donner un exemple en terme de communication : vous avez Sport+ qui retransmet toutes les Coupes du Monde sur Piste. Le jour où l'on fait la présentation du vélodrome national, c'est L'Equipe 21 qui le fait.

imageC'est-à-dire qu'on ne va même pas récompenser ceux qui montrent toute l'année la piste quand il y a un événement majeur. Mais d'un autre côté, jamais la Fédération, en matière de politique de communication, ne s'est assise autour d'une table avec la télévision, ni avec ASO d'ailleurs. Or, si vous ne maîtrisez pas la télévision en tant que Fédération, vous ne maîtrisez rien ! Et je dis ça, ce n'est pas pour retirer des moyens ou du pouvoir à ASO car ils n'y vont même pas ! C'est symptomatique. Bref, rien ne changera. Personne n'ose l'ouvrir. Lappartient dirige tout tout seul. Tant mieux pour lui. Malheureusement, je ne peux pas me battre seul. Je ne suis plus tout jeune (Sourires). A ceux qui ont encore de l'énergie qu'ils aillent se battre.

 

Rassurez-nous, vous n'allez pas démissionner de Cyclism'Actu ? Vous restez toujours notre chroniqueur pour la saison 2015 au moins ?

(Rires). Vous pouvez ête rassuré. Je garde toutes mes occupations privées dont celles à Cyclism'Actu où c'est un plaisir de commenter l'actualité cyclisme sur votre site et pour vos intenrautes. Cela ne me dérange pas de vous aider à grandir car je sais que l'on ne vous fait pas trop de cadeaux dans le milieu. J'étais un des premiers à soutenir Cyclism'Actu et je continuerai à le faire du mieux que je peux. Oui, ça ne me dérange pas. Au contraire.

 

Propos recueillis pour Cyclism'Actu par Valentin GLO 

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