Chronique - Guimard : «Astana a causé trop de problèmes»
Par Valentin GLO le 30/03/2015 à 18:43
Vidéo - Chronique Guimard lors du Tour de France 2014
Les chroniques de nos chroniqueurs se succèdent ces derniers temps sur Cyclism'Actu. Après Stephen Roche et David Moncoutié la semaine dernière, c'est au tour de Cyrille Guimard, Le Druide, de revenir sur l'actualité cycliste. Une actualité marquée notamment par le podium du Tour de France 2014 entre l'équipe Astana de Vincenzo Nibali, tenant du titre, de plus en plus sous la menace d'un retrait de licence, et le duel franco-français entre Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot sur le Critérium International, mais également par le succès de Luca Paolini sur Gand-Wevelgem.
L'affaire Astana et le cas Vincenzo Nibali
Si les enquêtes démontrent qu'Astana ne respecte pas les règles anti-dopages ça ne me dérange pas du tout qu'ils soient sanctionnés. Ca serait même normal car ce n'est pas la première fois. Cette équipe a déjà causé beaucoup trop de problèmes au cyclisme après Alexandre Vinokourov, Andrey Kashechkin ou Alberto Contador. Pour Vincenzo Nibali attendons déjà la confirmation, ils peuvent toujours être sur le Tour de France, ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Mais la clé est entre les mains dans grands organisateurs de courses (ASO, RCS) : ont-ils le courage de dire à ces équipes qui ont porté atteinte à l'image du cyclisme : "Vous regarderez le Tour à la télé" ? Ou y aura-t-il des pressions pour les faire craquer ? Les organisateurs doivent agir dans l'intérêt du sport cycliste, ils doivent jouer le jeu de ceux qui ont jugé les coupables de tricherie, se montrer solidaires.
Pinot-Péraud sur le Critérium International
J'ai été un peu surpris par l'échec de Thibaut Pinot. Je pensais qu'il ferait la différence à la pédale, mais il s'est comporté en diesel. Et je ne pense pas que c'était un grand Jean-Christophe Péraud, j'ai donc un goût d'inachevé. Il faut aussi relativiser le plateau : les autres coureurs de grands Tours, les autres grimpeurs capables de jouer la gagne avec eux n'étaient pas là. Ce n'est pas Fabio Felline qui est capable de le faire. Mais la question que je me pose c'est si Pinot est capable de prendre une course en main ? Est-il capable de se dire : ''Je n'en mets qu'une seule et je m'en vais" ? Est-ce que c'est un gagneur ? Est-il capable de se survolter ? Je n'en ai pas le sentiment.
Un Gand-Wevelgem dantesque
Un Gand-Wevelgem sans vent, ça n'a pas de sens. Les débats sur les points de règlement depuis ce dimanche me laissent perplexe. Si le cyclisme est un sport populaire, c'est grâce à ses légendes, faites notamment par la météo, comme la victoire de Bernard Hinault à Liège-Bastogne-Liège sous la neige. Sans vent, la course devient moins difficile et je ne suis pas sûr que les téléspectateurs soient si nombreux. Cela créer des émotions. Pas la peine d'imposer de nouvelles règles, seul le bon sens doit parler.
Le cyclisme doit pouvoir se dérouler partout, sous n'importe quel temps, tant que les normes de sécurité sont respectées. Ce n'est pas plus ludique ni plus agréable de faire règles sur règles. Et si vous regardez bien, ceux qui demandent d'arrêter, ce sont ceux qui sont lâchés. Demandez aux dix coureurs échappés sur Gand-Wevelgem (Roelandts, Debusschere, Terpstra, Vandenbergh, Paolini, Vanmarcke, Thomas, Oss...) s'ils voulait arrêter. Demandez à Nairo Quintana, en tête sous la neige sur Tirreno-Adriatico s'il voulait arrêter. Car il faut faire attention aux règles, elles peuvent priver la victoire à celui qui le mérite. Le remède peut être pire que la maladie. Souvenez-vous de ce Tour d'Italie perdu par Laurent Fignon car Moser devait le remporter. Ils avaient enlevé le Stelvio et L'Aprica cette année-là...
Retrouvez Cyrille Guimard dès cette semaine sur Cyclism'Actu pour une nouvelle chronique consacrée au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix.
Propos recueillis par Valentin Glo.