Bilan classiques #1 - Kristoff-Degenkolb : le nouveau duel

GP E3 : Sky l’attendait depuis cinq ans 

Depuis sa création en 2010, l’équipe Sky n’avait jamais levé les bras sur une classique flandrienne. Avec la victoire de Geraint Thomas sur le Grand Prix E3 d'Harelbeke, elle a comblé ce manque. De belle manière puisque le Gallois a raflé la victoire en solitaire devant Zdenek Stybar (Etixx) et Matteo Trentin (Etixx). En cinq saisons sur le circuit professionnel, la formation Sky n’avait jusqu’alors remporté que trois classiques World Tour, toutes de fin de saison (GP Montréal, Vattenfall Cyclassics et GP Plouay). Il a peut-être offert au peuple gallois sa plus grande victoire en domptant les pavés et les monts qui entourent Harelbeke.

À contrario, Fabian Cancellara (Trek) a lourdement chuté et dit adieu à ses ambitions pour le mois d'avril (voir ci-dessous). Seules les ardennaises se refusent encore aux hommes de Dave Brailsford. 

La vie sans Boonen et Cancellara

Triste était le sentiment de bon nombre d’observateurs après que Tom Boonen et Fabian Cancellara eurent renoncé à prendre le départ du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix. Le Belge, victime d’une chute lors de la première étape de Paris-Nice et le Suisse, qui l’imitait quelques semaines plus tard sur le GP E3 n’ont pu défendre leurs chances là où ils nous ont offert tant de spectacle depuis une dizaine d’années. Quand une épreuve comme Paris-Roubaix est privée de deux hommes qui s’y sont imposés sept fois à eux deux (quatre pour Boonen, trois pour Cancellara), forcément la course perd en saveur. 

Le malheur des uns fait (parfois) le bonheur des autres. Ainsi, les pavés ont sacré deux nouveaux vainqueurs et révélé quelques coureurs d'avenir. Il faut se résoudre à la dure loi du cyclisme, Boonen (35 ans) et Spartacus (34 ans) ne sont pas éternels, le poids des ans va bien finir par les rattraper. En attendant, il peuvent encore offrir au public un dernier duel et pourquoi pas l’an prochain ?

Les neuf jours de folie d'Alexander Kristoff

Sa contre-performance lors de Paris-Roubaix (10e) n’enraye en rien le printemps exceptionnel du coureur de l’équipe Katusha. Depuis le début de la saison, il a remporté onze courses, et pas des moindres. Après ses succès au Qatar (3 étapes), à Oman (1 étape) à Paris-Nice (1 étape), et sa deuxième place à San Remo, il a dominé sans partage ses adversaires aux cours des semaines flandriennes.

Évidemment, sa victoire aux Flandres restera celle dont on se souviendra, mais sa razzia de bouquets ne s’arrête pas à cela. Vainqueur aussi du Grand Prix de l’Escaut, on peut rajouter à sa besace ses trois étapes et le classement final sur les Trois Jours de la Panne. Il a collectionné cinq premières places en neuf jours.

Le meilleur sprinteur du monde en 2015 est bien Alexander Kristoff, qui profite aussi de la mauvaise forme de Marcel Kittel. Cavendish semble lui revenir à un très bon niveau.

Merci et au revoir Dear Sir

"Toute histoire a une fin, mais chaque fin annonce un nouveau départ" !

Sir Bradley Wiggins s’apprête à raccrocher le vélo, du moins celui sur route. Le Britannique va le quitter sur le Tour de Yorkshire, après avoir tenté sa chance sur Paris-Roubaix. Comme un dernier clin d’oeil d’un champion peu banal envers une carrière toute aussi surprenante. Quadruple champion olympique sur piste à Athènes (2004) et Pékin (2008), il s’est ensuite fixé comme objectif de devenir le premier Britannique vainqueur du Tour de France.

Après avoir atteint en 2012 ce que l’on pensait à l’époque être son rêve (mais il a déclaré avant Paris-Roubaix qu’il échangerait sa victoire à Paris contre la "Reine des Classiques"), il a remporté un cinquième titre olympique chez lui à Londres (cette fois sur le contre-la-montre). Anobli par la reine Elizabeth II, il a réalisé son dernier coup d’éclat en septembre 2014, glanant le titre mondial sur l’épreuve solitaire.

S’il n’est pas parvenu à soulever le pavé sur le vélodrome de Roubaix, il lui reste deux défis à relever en tant que coureur cycliste. D’abord mettre « le record de l’heure hors de portée » comme il le disait en février dernier, puis reconquérir une piste qui l’a révélé voilà seize ans maintenant. 

Sagan a-t-il atteint ses limites ?

C’est un constat. Sagan gagne moins depuis deux ans. Seize victoires en 2012, vingt-deux en 2013, sept en 2014 et seulement une en 2015 (après quatre mois). Bien sûr, l’exercice en cours est loin d’être terminé mais avec son échec sur les classiques, la pression va commencer à monter avant un Tour de France où il devra composer avec un certain Alberto Contador…

Entre 2012 et 2014, sur ses seize participations à des classiques de printemps, il avait terminé huit fois sur le podium (et gagné à deux reprises). Aucune cette année pour le Slovaque en six tentatives (4e à San Remo et aux Flandres).

Peter Sagan n’a que vingt-cinq ans, et n’est pas encore rentré dans la force de l’âge. il est trop tôt pour dire ou non s’il a atteint son maximum. Certes, sa campagne de classiques 2015 ne s’est sans doute pas déroulée comme il l’aurait souhaité, mais tout n’a pas été simple pour lui cette saison. Il vient de découvrir un nouvel environnement et les changements  de têtes au sein de l’équipe Tinkoff-Saxo ne l’ont pas mit dans les meilleures dispositions possible avant d’entamer ses objectifs.